LE HENNÉ : QUELQUES FAITS INTÉRESSANTS QUE VOUS NE CONNAISSIEZ PAS


Le henné est un colorant d’origine végétale obtenu à partir des feuilles séchées d’une plante odoriférante (Lawsonia inermis, appartenant à la famille des Lythraceae), principalement  issue du sous-continent indien et d’Afrique du Nord.

Le henné est la plus ancienne teinture naturelle au monde. Une matière première qui a plus qu’un simple effet décoratif. Elle nourrit et renforce les cheveux stressés et abîmés. Le henné est utilisé depuis le Moyen Âge pour teindre les cheveux, la peau, les ongles, ainsi que la laine ou la soie. Il est très apprécié des femmes pour ses effets régénérateurs et cicatrisants, qui apparaissent très tôt. Mais il faut aussi découvrir que dans le passé, le henné n’était pas seulement utilisé par les femmes.

Origine et mondialisation du henné

Le Lawsonia inermis serait originaire d’une région se situant entre le Sud de l’Iran et de la Mésopotamie correspondant majoritairement à l’Irak actuel. Cette plante tinctoriale aurait traversé les civilisations d’un point de vue historique mais également géographique. En effet, son développement mondial serait le fruit des migrations de certains peuples, migration commençant à devenir massive en 2 200 environ avant notre ère dans les régions Mésopotamiennes avec les attaques des peuples dits « barbares ». Dès – 1 300, ce végétal arrive dans les commerces égyptiens où il trouve une forte utilisation tinctoriale et médicinale. Ainsi dès le Moyen-Age, c’est une plante déjà présente sur tout le littoral qui borde la mer rouge. Cette expansion ne fera que se développer durant la Renaissance avec les voyages abondant.

Le henné ou "foudeune" au Sénégal, un instrument de beauté traditionnel pour les femmes: Poudre de henné

Coutumes liées au henné 

La première coutume avérée utilisant le henné est la coloration des cheveux. Cette pratique est directement observable sur le corps momifié du pharaon Ramsès II, pharaon de la XIX –ème dynastie durant l’Egypte Antique. En effet son corps mais également ses cheveux étaient recouverts de teinture rouge-orangée qui s’avérera être un mélange de henné et de sang de bœuf, parfois remplacé par du têtard écrasé. Utilisé comme cosmétique mais également comme remède médicinal pour assainir la peau et les plaies, c’est un excellent fortifiant pour les cheveux. 

Cet arbuste est accompagné de fortes traditions dans le monde oriental. Ce végétal tinctorial décore les mains et les ongles des jeunes mariés, c’est ce que l’on appelle « la nuit du henné », cérémonie de l’union durant laquelle la mariée est parée de tatouages rouge-orangé et coiffée de tresses réunies dans un anneau en argent car symbole de pureté. S’ensuit la bénédiction de fertilité et de bonheur. Cette forte connotation positive provient en grande partie de la symbolique de cette plante dans la religion musulmane. En effet, elle est également connue comme étant « l’arbre qui pousse au paradis » et aurait donné naissance à la fleur favorite du Prophète Mahomet. Il est donc normal d’y attacher des croyances comme le fait que le henné repousserait les mauvais esprits et la malchance et ferait prospérer la fortune et la vie. Cette coutume des fiançailles n’est pas unique car déjà dans l’Assyrie Antique qui correspond à une région nord de la Mésopotamie, les paumes et ongles des jeunes mariées étaient décorés de dessins au henné. On retrouve d’ailleurs cette même acceptation dans la légende syrienne de Baal et Anath, légende relevant de la mythologie du Proche-Orient.

Ce rite contre le mauvais œil introduisant cette plante comme substance divinatrice se retrouve lors de la cérémonie de naissance à laquelle s’ensuit le rite du baptême. A la naissance de l’enfant, 7 jours exactement après son entrée dans le monde, on dessine sur sa paume un motif au henné. Ces traditions se perpétuent et on les retrouve lors du rite de la circoncision durant laquelle la mère enduit de henné les cheveux nattés d’un bracelet et d’un loubana, collier de pierres qui se trouve beaucoup dans les régions dites berbères. Pour clôturer ce rite le jeune garçon reçoit une pièce en argent et une bourse de harmel, le harmel étant une plante de laquelle est récoltée une graine noire de forme triangulaire. 

Toutes ces coutumes sont tirées de l’histoire, certaines se perpétuent où se modifient cependant nous remarquons que malgré l’évolution des coutumes et des mœurs, le henné reste une plante très ancrée dans l’imaginaire contemporain et surtout très appréciée de certaines civilisations. L’utilisation du henné s’est développée de nos jours et n’est plus réservée à un usage strict de coloration. Sa propriété olfactive, odorante lui confère des propriétés très appréciées en parfumerie.

Au Maroc, le henné est le marqueur récurent des moments festifs autant traditionnels que religieux.

Le henné, plante tinctoriale très populaire de nos jours

Le henné se trouve généralement en poudre. Cette substance ainsi mélangée à un liquide comme de l’eau ou de l’huile se transforme en une pâte plus ou moins épaisse dont l’application peut être multiple : cataplasme, encre pour dessins corporels, colorant pour les cheveux … Toutes ses applications regroupent cependant une même caractéristique du henné, sa capacité tinctoriale, cela signifie que cette plante a la capacité naturelle de teinter en rouge orangé les tissus, la peau, les cheveux … D’autres plantes ont cette même propriété, citons par exemple le rocou, la grenade, le santal et autres qui vont teinter de coloris différents les surfaces. Avec le henné, cette capacité est activée grâce à la molécule lawsone réagissant au contact de la kératine. Cela explique l’usage quasiment unique de cette plante sur les cheveux et parties cutanées car la peau est recouverte de poils. Cette molécule est libérée principalement lors de la réduction en poudre des feuilles.