DOIT-ON CONTINUER À PORTER UN MASQUE SI PERSONNE N’EN PORTE ?


Avec l’assouplissement des restrictions et des règles concernant l’obligation du port du masque, il peut être tentant de baisser notre garde. Mais devons-nous pour autant arrêter de nous protéger ?

Dans de nombreux supermarchés, lieux de travail, cinémas et autres espaces en intérieur, certaines personnes continuent de le porter. Mais si personne d’autre ne le porte, le masque protège-t-il suffisamment celui ou celle qui choisit de le garder ?

« Les masques sont en effet plus efficaces quand tout le monde les porte autour de nous. Si quelqu’un est positif au COVID-19 sans le savoir, le port du masque est aussi utile que de boucher le bout d’une paille : il empêcher le virus de se propager », explique Jaimie Meyer, médecin spécialisée en maladies infectieuses à Yale Medicine.

Elle souligne toutefois que, même lorsque la personne infectée ne porte pas de masque, toutes les personnes à proximité qui le portent ont moins de risques que les gouttelettes n’arrivent jusqu’à leur système respiratoire et les contaminent à leur tour.

Meyer et d’autres experts nous ont donné leur avis quant au port du masque, ainsi que quelques conseils pour déterminer quand il est dangereux de retirer le masque, et quand ça ne l’est pas.

DOIT-ON RETIRER NOS MASQUES ?

Les masques restent bien sûr obligatoires dans certaines situations : par exemple, dans les transports collectifs et tous les établissements de santé, tels que les pharmacies et les cabinets médicaux. De plus, en cas de taux trop élevé de contamination dans certaines zones du pays, les collectivités peuvent encore imposer le port du masque, notamment dans certains lieux publics en extérieur.

Lorsqu’il n’est pas obligatoire, il relève de la responsabilité de chaque personne de déterminer si elle doit ou non porter un masque. Cette décision peut principalement dépendre du contexte, du niveau de volonté de la personne de ne pas contracter le virus, mais aussi des taux de contamination dans la zone où elle se trouve. « De nombreuses personnes se sont résignées et pensent qu’elles contracteront le COVID-19 de toute manière, mais ce n’est pas inévitable », affirme Meyer.

Selon elle, la vaccination reste la meilleure protection contre la maladie. D’après une étude publiée début mars dans le New England Journal of Medicine, le vaccin de Pfizer-BionTech a eu un taux d’efficacité de 85 % pour éviter les hospitalisations et les décès, et ce jusqu’à sept mois après les deux premières injections. Les participants de l’étude n’avaient pas eu de dose de rappel qui leur aurait apporté une protection supplémentaire. Mais pour Meyer, le port du masque est sans doute la deuxième mesure la plus efficace pour se protéger.

Les personnes qui sont plus à risque en raison de leur état de santé, ou qui vivent ou travaillent avec des personnes à risque doivent prendre ce facteur en compte lorsqu’elles décident ou non de porter un masque. Les personnes immunodéprimées devraient presque toujours le faire en présence d’autres personnes en intérieur. Celles qui ont une maladie telle que le diabète qui les expose à un risque plus élevé de complications liées au COVID-19 pourraient quant à elles envisager de le faire même lorsque le taux de contamination est plus bas : peut-être lorsqu’il y a 10 cas pour 100 000 personnes dans leur zone, selon Meyer.

D’autres personnes choisissent également de porter le masque parce qu’elles ont des enfants qui sont vulnérables car trop jeunes pour être vaccinés. Jill Weatherhead, médecin en maladies infectieuses au Baylor College of Medicine, continue d’en porter un dans les magasins et dans les établissements très fréquentés, en grande partie pour protéger son fils de quatre ans.

Pour qu’il soit efficace, il faudrait porter le masque rigoureusement. Certaines personnes qui se trouvent dans des zones avec un haut niveau de contamination pourraient penser qu’elles peuvent retirer leur masque sans danger en intérieur si elles respectent les distanciations de deux mètres, mais « il est faux de croire que le fait de garder ses distances en intérieur réduit nos risques d’exposition au virus », affirme Lindsay Marr, professeure en ingénierie à l’Université Virginia Tech et experte en transmission virale. Selon elle, il est vrai que les particules virales sont plus concentrées près des individus contaminés mais, comme la fumée de cigarettes qui finit par se diffuser dans toute la pièce, elles finissent par se propager.

Selon Weatherhead, bien sûr, tout le monde a son propre niveau de tolérance et celui-ci devrait être respecté. « Beaucoup de facteurs entrent en jeu, et les décisions seront différentes pour chacun », ajoute-t-elle.

Pour certaines personnes, y compris Meyer, « il est épuisant de devoir constamment évaluer les risques en fonction des situations », raison pour laquelle elle a décidé de continuer à porter le masque dans les magasins et dans les espaces clos, et ce peu importe si les personnes autour d’elles le portent ou non. « Il est plus facile pour moi de simplement mettre un masque et de ne pas avoir à prendre une décision à chaque fois. »

Il est cependant un groupe qui devrait toujours porter un masque : les patients positifs au COVID-19, qui doivent s’isoler pour la période recommandée de cinq à dix jours selon les cas. Une fois la période d’isolement terminée, la personne testée positive doit continuer à porter le masque et à respecter les gestes barrières pendant sept jours.

LA QUALITÉ ET LA TAILLE DU MASQUE SONT FONDAMENTALES

Une étude menée par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) aux États-Unis, et publiée dans Morbidity and Mortality Weekly (MMWR) documente les niveaux de protection offerts par différents types de masques. Les personnes qui portent systématiquement des masques N95 ou KN95 réduisent leurs risques de contracter le virus de 83 % par rapport à celles qui ne portent pas de masque. Les masques chirurgicaux, quant à eux, réduisent les risques de contamination de 66 %, et les masques en tissu de 56 %.

Cette étude, tout comme les autres études similaires, n’ont pas permis de savoir combien de personnes mettent un masque lorsqu’elles sont autour de celles qui le portent déjà. Mais l’étude ayant été menée quand les masques étaient encore obligatoires en Californie, il est probable que de nombreuses personnes les portaient, constate Marr, qui n’a pas participé à l’étude du MMWR. Elle suspecte que les masques auraient été moins efficaces si moins de personnes l’avaient porté, mais que le contraste entre les personnes qui portaient un masque et celles qui n’en portaient pas aurait sans doute également été frappant.

L’étude du MMWR souligne l’importance de préférer des masques de haute qualité, de type respirateurs, tels que les N95, KN95 ou FFP2, à de simples morceaux de tissu. En effet, selon les CDC, « les respiratoires de taille adaptée offrent le niveau de protection le plus élevé ».

« Si un virus est dans l’air, votre N95 bloquera plus de 95 % de ce virus », ce qui est très élevé, affirme Marr.