POLLUTION : LES SCIENTIFIQUES ONT TROUVÉ UNE NOUVELLE MÉTHODE POUR RECYCLER LE PLASTIQUE


Des scientifiques ont mis au point une nouvelle méthode pour recycler le plastique, qui pourrait s’avérer déterminante pour résoudre le problème croissant de ce type de déchets dans le monde.

La pollution est devenue un problème mondial majeur et les Nations unies ont observé que l’équivalent d’un camion poubelle de plastique est déversé dans l’océan chaque minute.

Entre 1950 et 2017, l’homme a produit entre 7 et 9,2 milliards de tonnes de déchets plastiques, dont la plupart ont été jetés ou ont fini dans des décharges, selon les Nations unies.

L’ampleur du problème semble insurmontable, mais une nouvelle méthode de décomposition d’un plastique, connu sous le nom de polyéthylène téréphtalate, pourrait tout changer…

Le polyéthylène téréphtalate est l’un des plastiques les plus répandus dans le monde. On le trouve dans toutes sortes de produits, des bouteilles d’eau aux lingettes pour bébés, en passant par les vêtements et les matelas, selon le site web Made Safe.

« Nous pensons faire une bonne action, lorsque nous trions nos déchets. Hélas, la plupart des plastiques ne sont jamais recyclés », a déclaré la chercheuse Oana Luca.

Oana Luca est professeur adjoint au département de chimie de l’université du Colorado, et coauteur d’une étude décrivant la découverte d’une nouvelle méthode de décomposition des matières plastiques qui pourrait bien changer la donne… Alors, de quoi s’agit-il au juste ?

Récupération du matériel moléculaire

« Nous voulions savoir comment nous pouvions récupérer les matériaux moléculaires, les éléments constitutifs des plastiques, afin de pouvoir les réutiliser », explique Oana Luca. Et pour ce faire, les chercheurs ont eu recours à l’électricité.

Les chercheurs ont utilisé l’électricité en combinaison avec un type spécial de molécule conçue afin de décomposer le polyéthylène téréphtalate.

Les expériences ont montré que les réactions commençaient à désintégrer les plastiques en quelques minutes, alors qu’au cours de son cycle de vie normal, les essais seraient restés dans le sol pendant des siècles avant de commencer à se décomposer.

Un premier essai fascinant !

« C’était vraiment impressionnant d’observer la réaction en temps réel », a expliqué l’auteur principal de l’étude, Phuc Pham, dans un communiqué de presse sur les recherches de son équipe. « La solution prend d’abord une couleur rose foncé, puis devient claire au fur et à mesure que le polymère se désagrège. »

Selon les auteurs de l’étude, cette nouvelle méthode de décomposition du plastique n’a pas son pareil et constitue un bien meilleur moyen de recycler.

Selon le communiqué de presse de l’université du Colorado, la plupart des municipalités ont déjà du mal à collecter les grandes quantités de plastiques recyclables produites chaque jour, sans parler de la transformation de ce type de déchets en produits réutilisables.

Un problème qui s’amplifie

Moins d’un tiers de l’ensemble du plastique polyéthylène téréphtalate aux États-Unis est effectivement réutilisé, un problème qui s’aggrave lentement étant donné que de plus en plus d’usines de recyclage prennent du retard.

Une solution a consisté à faire fondre les plastiques avec de l’acide, mais ce processus peut altérer leur composition chimique et les rendre moins utiles qu’ils ne l’auraient été pour fabriquer de nouveaux produits.

« On finit par changer les matériaux mécaniquement », explique Oana Luca. « Avec les méthodes de recyclage actuelles, il est désormais possible de faire fondre une bouteille en plastique et de produire, par exemple, un de ces sacs jetables que nous devons désormais payer au supermarché ».

Le nouveau procédé de Oana Luca et de son équipe consiste à désintégrer le polyéthylène téréphtalate en ses composants fondamentaux. Ainsi, les éléments restants après la réaction peuvent être utilisés pour fabriquer un produit ayant la même qualité

Les ingrédients secrets

Pour ce faire, l’équipe a utilisé un processus appelé électrolyse ainsi qu’une molécule connue sous le nom de sel [N-DMBI]+ qui permet de briser de petits morceaux de plastique (de type PET) tout en préservant leur composition chimique.

Malheureusement, l’équipe de recherche ne comprend pas encore comment les réactions marchent, mais elle a pu au moins démontrer qu’elles fonctionnent. Le polyéthylène téréphtalate peut être désintégré sans altérer la composition chimique du plastique.

Les chercheurs ont indiqué qu’ils avaient réussi à décomposer 40 mg de plastique en sept heures. Bien que cela puisse sembler peu, c’est un grand pas dans la bonne direction pour un nouvel outil qui pourrait un jour être utilisé et aider la planète à combattre ce fléau.

« Bien qu’il s’agisse d’un excellent début, nous pensons qu’il reste encore beaucoup à faire pour optimiser et adapter le processus afin qu’il puisse être appliqué à l’échelle industrielle », a déclaré Phuc Pham.