CANCER DU SEIN : 5 CHOSES QUE TROP DE GENS IGNORENT


Le cancer du sein, c’est plus d’un tiers des nouveaux cas de cancer diagnostiqués chez la femme. Pourtant, les sondages révèlent régulièrement le manque d’informations sur cette maladie. Parmi les choses que trop de gens ignorent, certaines mériteraient pourtant réellement d’être mieux connues. En voici cinq exemples.

L’Afrique connaît l’un des plus forts taux de mortalité par cancer du sein. Les femmes qui meurent de cette maladie sont de plus en plus jeunes et se rendent à l’hôpital à un stade trop avancé, déplore l’OMS, qui mise sur davantage de sensibilisation. Les examens et traitements anticancéreux ne sont pas encore accessibles à toutes.

Le chiffre est vertigineux. Le cancer du sein a tué 685 000 femmes en 2020 dans le monde, a rappelé l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mardi 19 octobre, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre cette maladie.

Avec la Polynésie, l’Afrique détient le taux le plus élevé de mortalité par cancer du sein : 85 800 femmes en sont mortes l’année dernière, pour la majorité en Afrique de l’Ouest et en Afrique de l’Est.

Cette illustration montre les différentes structures qui constituent le sein : des lobes glandulaires aux canaux lactifères en passant par le tissu adipeux et les vaisseaux sanguins et lymphatiques. © Axel Kock, Adobe Stock 

Il n’y a pas un, mais des cancers du sein

Il n’existe pas un, mais bien plusieurs types de cancer du sein. Suivant sa localisation, tout d’abord. Suivant ses caractéristiques moléculaires ensuite.

Pour mieux comprendre, quelques rappels concernant l’anatomie du sein. Il se compose d’une multitude de lobules regroupés en de nombreux lobes glandulaires. Ce sont ces lobes glandulaires qui produisent le lait. Chacun se prolonge ainsi par un canal lactifère qui l’amène jusqu’au mamelon. Le tout est entouré de tissu adipeux — de la graisse — et de vaisseaux sanguins et lymphatiques. Les vaisseaux lymphatiques circulent jusqu’aux ganglions axillaires — sous le bras. Des sortes de réservoirs de cellules immunitaires.

Les médecins, donc, identifient trois grandes formes de cancer selon leur localisation :

  • les carcinomes in situ pour lesquels les cellules cancéreuses restent localisées dans les lobules et les canaux ;
  • les carcinomes infiltrants pour lesquels les cellules cancéreuses ont diffusé dans les tissus environnants et qui peuvent conduire à la formation de métastases ;
  • les carcinomes inflammatoires qui se situent au niveau de la peau.

Plus récemment, grâce aux progrès de la génomique, les médecins ont aussi identifié trois grands types de cancer de composition moléculaire différente :

  • les cancers de type luminal A ou B, les plus fréquents, expriment les récepteurs des œstrogènes et de la progestérone, avec ou sans expression de HER2 ;
  • les cancers dits HER2+ surexpriment la protéine du même nom — un récepteur à certains facteurs de croissance ;
  • les cancers triples négatifs sont caractérisés par l’absence de marqueurs RE – récepteur aux œstrogènes –, RP — récepteur à la progestérone — et HER2.

Identifier clairement le cancer dont souffre le patient permet d’optimiser la prise en charge de la maladie.

Le cancer du sein peut avoir une issue fatale. PHOTO CHATLIE SHOEMAKER THE NEW YORK TIMES

Le cancer du sein, première cause de décès par cancer chez la femme

« Le taux de nouveaux cas apparaissant chaque année augmente régulièrement et le cancer du sein représente la première cause de décès par cancer chez les femmes africaines dans 34 pays du continent », déplore à l’antenne de France 24 Jean-Marie Dangou, le coordinateur en chef de la santé publique pour la prise en charge des maladies non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

Selon l’organisation onusienne, plusieurs facteurs expliquent ces mauvais chiffres en Afrique. « Entre 70 et 80 % des femmes malades arrivent dans des structures hospitalières à un stade très avancé de la maladie (stade 3, voire 4). Le cancer est alors au-dessus de toute ressource thérapeutique », indique Jean-Marie Dangou. Pour le coordinateur de l’OMS, il faut « éduquer pour tenter d’obtenir des diagnostics précoces ».

Les hommes et le cancer du sein

Grosseur, rougeur, zone de chaleur, douleur localisée ou encore une anomalie dans la texture de la peau. Le cancer du sein peut également toucher les hommes. Environ 500 cas sont diagnostiqués chaque année. C’est environ 0,5 % des cancers masculins. Souvent des carcinomes infiltrants avec un taux de survie moins bon que chez les femmes. Car la tumeur atteint un stade avancé avant que le diagnostic soit posé. Les facteurs de risque sont les mêmes que chez les femmes, même si la prédisposition génétique domine. Et des maladies qui jouent sur les taux d’androgène et d’œstrogène — comme le syndrome de Klinefelter ou la cirrhose — peuvent aussi intervenir.

Une mammographie tous les deux ans, sauf…

Les cancers du sein se soignent bien s’ils sont détectés tôt. Prises à un stade très précoce, ces tumeurs ne font pas de métastases. Le taux de survie à 5 ans est de 99 %.

Selon l’OMS, la plupart des efforts de sensibilisation se concentrent encore trop sur les capitales et les grandes agglomérations. Des progrès restent à faire dans les zones rurales africaines pour réussir à atteindre les femmes les plus isolées.

Les femmes présentant des facteurs de risque peuvent toutefois être dépistées avant l’âge de 50 ans et/ou plus fréquemment. Si le risque est jugé très élevé — en cas de prédisposition génétique, par exemple –, l’OMS oriente depuis 2014 vers un examen clinique pratiqué tous les six mois dès l’âge de 20 ans et vers une mammographie — ou une IRM — tous les ans à partir de 30 ans.

Porter un soutien-gorge ne favorise pas le cancer du sein

Porter un soutien-gorge favorise l’apparition de cancers du sein. La rumeur a couru pendant des années. Se fondant sur l’hypothèse que le soutien-gorge bloque la circulation lymphatique et avec elle, le nettoyage les cellules au quotidien, provoquant ainsi une accumulation de toxines. Mais en 2014, une étude de l’université de Washington (Etats-Unis) a montré que les femmes qui portent un soutien-gorge — quel que soit son type et quelle qu’en soit la durée quotidienne — ne développent pas plus de cancers du sein que les autres.

Parmi les facteurs de risque figurent en revanche essentiellement l’âge — le risque maximal se situant entre 65 et 74 ans –, les prédispositions génétiques — une mutation des gènes BRCA1 et BRCA2 pour 5 à 10 % des cancers du sein –, des antécédents personnels de pathologies au niveau du sein, des antécédents familiaux ou des antécédents d’irradiations thoraciques à haute dose. De plus en plus d’études incriminent aussi la consommation d’alcool et le tabagisme.