DES CHERCHEURS METTENT AU POINT LE VACCIN LE PLUS EFFICACE CONTRE LE PALUDISME


Un vaccin contre le paludisme (ou malaria) s’est révélé efficace à 77 % lors d’essais menés en Afrique et pourrait constituer une avancée majeure dans la lutte contre cette maladie, selon ses concepteurs de l’Institut Jenner de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni).

Le paludisme tue plus de 400 000 personnes chaque année, principalement des enfants en bas âge en Afrique subsaharienne. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un enfant meurt de cette maladie toutes les deux minutes. Bien que de nombreux vaccins aient été testés ces dernières années, aucun ne se révèle suffisamment efficace.

Maladie parasitaire, le paludisme est transmis par la piqûre de moustiques anophèles femelles. Il est à la fois évitable et traitable. La région africaine a accueilli 94 % des cas de paludisme et des décès en 2019, selon l’OMS. Ces dernières années, ces pays ont fait des progrès en utilisant de nouveaux outils comme les moustiquaires imprégnées d’insecticide.

Le vaccin de l’Université d’Oxford, connu sous le nom de R21, est le premier à atteindre l’objectif de l’OMS d’une efficacité de 75 % contre la maladie parasitaire transmise par les moustiques. Le vaccin Mosquirix précédemment développé, actuellement piloté par l’OMS dans quatre pays d’Afrique, a été partiellement efficace, prévenant 39% des cas de paludisme chez les jeunes enfants en Afrique sur quatre ans. Une efficacité de 75 % pourrait changer la donne.

Selon Halidou Tinto, l’investigateur principal de l’essai :

Ce sont des résultats très intéressants qui montrent des niveaux d’efficacité sans précédent pour un vaccin qui a été bien toléré dans notre programme d’essai. Nous attendons avec impatience l’essai de phase III à venir pour démontrer des données de sécurité et d’efficacité à grande échelle pour un vaccin qui est grandement nécessaire dans cette région.

Testé sur 450 enfants âgés de 5 à 17 mois au Burkina Faso, le vaccin s’est avéré sûr et a montré une “efficacité de haut niveau” sur 12 mois de suivi. Les enfants ont été divisés en trois groupes et celui qui a reçu la dose la plus élevée avait 77 % de chances en moins de contracter la maladie, rapportent les chercheurs dans une étude préliminaire (lien plus bas).

Il n’y a eu “aucun événement indésirable grave lié au vaccin”, ont écrit les chercheurs dans l’étude. Maintenant, avec leurs partenaires commerciaux, le Serum Institute of India et le fabricant de médicaments Novavax, ils recrutent pour un essai de phase III visant à évaluer la sécurité et l’efficacité du vaccin chez 4 800 enfants âgés de 5 à 36 mois.

Pour Adrian Hill, directeur de l’Institut Jenner, où le vaccin Covid d’Oxford/ AstraZeneca a été récemment inventé, le vaccin pourrait réduire considérablement le nombre de décès dus au paludisme. Il pourrait même passer de 400 000 décès annuels à “des dizaines de milliers” dans les cinq prochaines années, si le vaccin s’avère efficace.

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Hill a déclaré que l’institut demanderait probablement une autorisation d’urgence pour le vaccin contre le paludisme, comme il l’a fait pour le vaccin COVID-19, ajoutant :

Le paludisme tue beaucoup plus de personnes que le COVID en Afrique, il faut donc penser à une autorisation d’utilisation d’urgence pour un vaccin contre le paludisme.

L’institut demandera d’abord aux organismes de réglementation un avis scientifique sur le vaccin.

Selon les chercheurs, le vaccin sera fabriqué à grande échelle et à faible coût. Ils ont déjà conclu un accord avec leSerum Institute of India, qui participe à la fabrication du vaccin Covid-19 d’Oxford/ AstraZeneca. Le Serum Institute a promis de livrer 200 millions de doses par an du vaccin antipaludéen s’il est homologué.

Selon Cyrus Poonawalla et M. Adar Poonawalla, président et directeur général du Serum Institute of India :

Nous sommes très enthousiastes à l’idée de voir ces résultats sur un vaccin antipaludique sûr et très efficace. Le Serum Institute s’engage à réduire la charge de morbidité mondiale et à mettre en œuvre des stratégies d’élimination des maladies en fournissant des vaccins abordables et en grande quantité.

L’étude préliminaire publiée dans The Lancet : High Efficacy of a Low Dose Candidate Malaria Vaccine, R21 in 1 Adjuvant Matrix-M™, with Seasonal Administration to Children in Burkina Faso et pprésebtée sur le site de l’Université d’Oxford : Malaria vaccine becomes first to achieve WHO-specified 75% efficacy goal.