La fertilité masculine en péril du fait de la pollution environnementale


Un grand nombre de problématiques environnementales, sociales et économiques menace la relative stabilité des sociétés actuelles. A ce sujet, le fait de mieux comprendre et de mieux mesurer les impacts des activités humaines permet de dégager les nouvelles orientations, indispensables au développement durable de nos sociétés. Aujourd’hui, l’équilibre entre l’homme et la femme est menacé du fait de la baisse de fertilité du premier, causée par l’exposition aux substances chimiques. En effet, le lien est aujourd’hui reconnu, concernant la toxicité de certains produits chimiques (pesticides, molécules de synthèse) avec la baisse de fertilité observée chez les hommes.

On savait les incidences négatives du stress, non seulement sur le désir mais aussi sur la fertilité masculine. Avec le temps, les scientifiques découvrent, peu à peu, les nombreux méfaits insoupçonnés liés à l’utilisation des pesticides et autres substances chimiques. Tout dernièrement, il a été révélé le syndrome de dysgénésie testiculaire qui serait à l’origine de l’hécatombe des spermatozoïdes. Cette maladie est causée par la consommation de produits apparemment inoffensifs et quasi incontournables dans notre vie quotidienne d’aujourd’hui. Parmi ces produits, les pesticides jouent un rôle central. Devant cette pollution insidieuse, le mâle Homo sapiens connaît une diminution quantitative de spermatozoïdes. Un drame pour ce dernier dont le pire de ses défauts anthropocentristes est le machisme, et le but majeur est de féconder et se reproduire jusqu’à envahir à ses propres dépens, l’entièreté de la planète et occuper indûment les niches écologiques des autres espèces. Devant cette situation nouvelle, certains spécialistes considèrent que le Mâle est en péril et donc que la nature se féminise. On note que, depuis la moitié du siècle passé, la production de spermatozoïdes a diminué en moyenne de 50% chez l’espèce humaine, phénomène aussi grave que les changements climatiques pour certains. Ce qui est valable pour l’espèce humaine l’est également pour les autres espèces. Par exemple, dans certains cours d’eau pollués et aux alentours des estuaires où il y a accumulation de substances chimiques, les populations de poissons se féminisent.


Les résidus des épandages agricoles, les émanations des stations d’épuration et les évacuations tous azimuts de substances d’origine pharmaceutique, mais aussi de produits figurant dans la composition des lessives, sont souvent indexés comme portant atteinte à la faune, ainsi qu’à la flore, non seulement par empoisonnement immédiat mais aussi par contamination lente. De plus en plus de malformations sexuelles et de cas de stérilité sont également observés un peu partout chez les phoques, les oiseaux, les alligators, les grenouilles. La dévirilisation est croissante au sein de la faune victime des répercussions anthropiques.

Chez l’Homme, des malformations congénitales de l’appareil reproducteur masculin augmentent aussi étonnamment, tout particulièrement chez les nouveaux-nés des agriculteurs directement soumis à quelque 100 000 molécules de synthèses baladeuses dans les sols et les airs agricoles. En France, la Bretagne est un exemple car bon nombre de garçons naissent avec un système reproducteur affecté. Au Nicaragua et au Costa Rica, un pesticide utilisé outrancièrement a stérilisé des centaines d’ouvriers. Des hommes qui travaillaient dans des bananeraies aux Antilles ont aussi connu des problèmes de fertilité. Outre la perte de virilité chez l’homme, le nombre de cancers du testicule ne cesse de croître chez les 25 à 35 ans, gavés de résidus médicamenteux. Ceci a été révélé dans une étude publiée dans la Revue d’épidémiologie et de santé publique.

Par exemple, au Sénégal, les femmes qui produisent du poisson séché (guedj en ouolof) utilisent des pesticides pour leur conservation. Même bien lavé, ce guedj renfermera toujours des résidus que nous consommons quotidiennement dans nos assiettes sans en mesurer le danger.

Des études ont montré une décroissance régulière de la quantité des spermatozoïdes. Ainsi, l’homme perdrait, chaque année, un million de spermatozoïdes par millilitre. Sachez que pour définir la qualité du sperme, il existe trois principaux indices qui se mesurent à l’aide d’un spermogramme : la concentration en spermatozoïdes, leur mobilité et leur morphologie.

Les scientifiques sont persuadés que les substances chimiques déversées dans l’environnement contribuent à la survenance de ces pathologies et de ces malformations. Au banc des accusés, de nombreuses molécules mises sur le marché par l’industrie chimique : le polychlorobiphényle (PCB), le dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT), les retardateurs de flamme, les biocides et autres composés chimiques qui agissent sur le système hormonal. La taxinomie (La taxinomie ou taxonomie est la science qui a pour objet de décrire les organismes vivants et de les regrouper en entités appelées taxons afin de pouvoir les identifier puis les nommer, et enfin les classer) leur a déjà désigné un nom : ce sont les perturbateurs endocriniens. Les plastiques, également, ne sont pas en reste. L’exposition aux perturbateurs endocriniens tels que les phtalates (qui donnent la souplesse au PVC) et le bisphénol (polycarbonate utilisé dans les biberons, les lunettes, les prothèses dentaires, le revêtement intérieur des conserves alimentaires, les canalisations d’eau potable) n’est pas sans conséquence. Ils sont encore plus nuisibles lors de leur combustion comme c’est souvent le cas dans les pays en voie de développement où les populations ont pris pour habitude de brûler les déchets contenant souvent du plastique. Ainsi, certains plastiques sont donc sérieusement suspectés de jouer un rôle dangereux non seulement sur les systèmes hormonaux en féminisant les populations masculines, mais aussi chez les femmes enceintes et les nouveaux-nés. Ils contrarient la synthèse de la testostérone et peuvent entraîner la féminisation du fœtus. Il semblerait enfin qu’une gamme de substances employées dans les produits corporels (savons, shampoings, crèmes solaires) aient une incidence sur la stérilité des garçons. Selon certains, il serait conseillé d’éviter les lingettes et les parfums pour bébés et, de peindre la chambre du bébé avec de la peinture sans solvant.
A ce cocktail de produits chimiques, vient s’ajouter la pollution automobile qui affecterait la qualité du sperme. Les protoxydes d’azote et le plomb seraient les substances incriminées, d’après les auteurs de l’article publié dans le journal Human Reproduction. Les hommes jeunes et d’âge moyen semblent plus affectés par cette pollution.

Devant cette situation alarmante, il est temps d’agir sinon nos petits-enfants ne pourront plus faire de petits. La Terre épuisée ne se plaindra sûrement pas de cette dénatalité forcée.


 

Src. : Mag VIE N°11