L’Afrique, le dépotoir des réfrigérateurs !


A la suite du Protocole de Montréal pour la Protection de la Couche d’Ozone, les CFC (chlorofluorocarbures) et les HCFC (hydrochlorofluorocarbures) ont été interdits comme fluides frigorigènes. Ces gaz, à fort effet de serre, contribuent grandement à la destruction de la couche d’ozone. Ainsi, tous les pays signataires du protocole de Kyoto sont tenus de prendre les mesures nécessaires pour en réduire l’utilisation. Devant cette nouvelle donne, les réfrigérateurs utilisant ces gaz ont été réformés dans les pays développés pour être acheminés vers les pays en voie de développement, notamment en Afrique.

Aujourd’hui, dans plusieurs quartiers de Dakar et de la plupart des capitales africaines, se trouvent par dizaines des magasins de vente de frigidaires venant d’Europe. Cette prolifération de magasins de vente de réfrigérateurs d’occasion fait dire à plusieurs observateurs que l’Afrique est devenue un dépotoir. Après les voitures, on assiste à une importation sauvage de réfrigérateurs et d’ordinateurs usagés avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’environnement et l’économie du pays.


La production de froid est généralement réalisée par un système de compression/détente nécessitant des composés chimiques, les fluides frigorigènes, pour assurer le transfert d’énergie. Les fluides de type CFC (chlorofluorocarbures) et HCFC (hydrochlorofluorocarbures) communément utilisés pour le bon fonctionnement des réfrigérateurs ont été reconnus comme destructeurs de la couche d’ozone. Ces fluides ont un important pouvoir de réchauffement global (PRG) ou encore un fort pouvoir d’effet de serre qui, rappelons-le, est à l’origine du réchauffement climatique. C’est ainsi qu’ils ont été progressivement remplacés par les HFC (hydrofluorocarbures) qui ont un PRG moindre que les CFC et HCFC. En 1990, lesCFC représentaient près de 25% des gaz à effet de serre. En 2010, les HFC qui les remplacent ne comptent que pour 2% des émissions. Cette différence correspond à près de 4 fois l’impact attendu du Protocole de Kyoto !


Aujourd’hui, nous assistons à une arrivée massive de containers d’électroménagers, meubles, vaisselles, téléviseurs, ordinateurs. Les Sénégalais, frappés par la crise, se précipitent vers ces produits d’occasion du fait de la modicité de leur prix sans se soucier de leur provenance ou de leur nocivité. Si nous nous limitons aux réfrigérateurs, les services douaniers auraient dû s’assurer que les réfrigérateurs importés soient de nouvelle génération, c’est à dire fonctionnant avec les gaz autorisés (ce qui n’est pas le cas bien entendu). Il y a cependant une part de responsabilité de la part des pays d’importation qui devraient mettre les réfrigérateurs réformés à la casse sans possibilité aucune de les vendre. Ce n’est pas parce que l’on déplace le problème d’Europe à Afrique que la couche d’ozone sera moins impactée, bien au contraire …