LA TERRE SEMBLE SE RÉCHAUFFER PLUS VITE QUE PRÉVU


Le climat de la Terre se réchauffe. Cela ne fait plus aucun doute. Mais ce qui semble encore difficile à préciser, c’est la vitesse réelle à laquelle ce réchauffement se produit. Ou plus encore, la vitesse à laquelle le réchauffement produit ses effets. Et des chercheurs rapportent aujourd’hui avoir observé un phénomène qui semble indiquer que notre Planète réagit plus vite au changement climatique qu’ils le pensaient.

Dans le monde entier, des chercheurs guettent les évolutions du climat. Ils compilent toutes sortes de phénomènes physiques, chimiques et biologiques pour tenter de prévoir au plus juste les changements à venir dans le contexte du réchauffement climatique anthropique. Et aujourd’hui, surprise, des chercheurs de l’Institut Weizmann des Sciences (Israël) révèlent que dans l’hémisphère sud, les tempêtes hivernales se sont intensifiées.

Surprise ? Oui, parce que les modèles climatiques le prévoyaient. Mais plutôt d’ici la fin de ce siècle. Or les résultats publiés par les chercheurs montrent que l’intensification des tempêtes — dans l’hémisphère sud, mais pas encore dans l’hémisphère nord — au cours des dernières décennies a d’ores et déjà atteint le niveau que les scientifiques envisageaient qu’elle atteindrait… en 2080 !

« Une tempête hivernale est un phénomène météorologique qui ne dure que quelques jours. Individuellement, chaque tempête n’a pas beaucoup de poids climatique », rappelle Rei Chemke, chercheur, dans un communiqué de l’Institut Weizmann des Sciences. Mais l’effet cumulatif de ces tempêtes, en revanche, est significatif. Elles affectent en effet le transfert de chaleur, d’humidité et de quantité de mouvement dans l’atmosphère. De quoi toucher les différentes zones climatiques de la Terre. Sans les tempêtes hivernales qui transportent de la chaleur des tropiques vers les pôles, les températures du côté de l’Arctique seraient inférieures d’environ 30 °C à ce qu’elles sont, par exemple.

Des modèles climatiques à corriger

Les travaux des chercheurs de l’Institut Weizmann des Sciences confirment que — exactement comme le réchauffement climatique global — ce phénomène d’intensification rapide des tempêtes hivernales dans l’hémisphère sud au cours de ces 20 dernières années ne peut pas être expliqué par des fluctuations internes du système climatique de la Terre. L’activité humaine en est la principale responsable.

Pourquoi les modèles climatiques n’ont-ils rien vu venir ? « Les changements de température, de précipitations, de glace de mer et de tempêtes estivales, par exemple, sont tous simulés par les modèles avec précision, explique Rei Chemke. Mais nous avons découvert là, un paramètre pour lequel la sensibilité des modèles doit être ajustée ». Parce que cette intensification des tempêtes est le résultat de changements dans les courants-jets atmosphériques. Et que les modèles climatiques actuels ne sont pas capables de prévoir le détail de ces changements. Un biais qui devrait désormais toutefois pouvoir être corrigé. Pour donner des projections plus précises à l’avenir.

En attendant, ces travaux alertent directement sur le fait que les activités humaines pourraient avoir un impact plus important que ne le pensaient les chercheurs sur l’hémisphère sud en particulier. Ils donnent une image plus claire des dommages que le changement climatique devrait causer sur la région. Et appellent à mettre en œuvre des actions immédiates et rapides, à la fois de lutte contre le réchauffement climatique et d’adaptation.