Pétrole de la Salonga: les deals obscurs de Kabila


Dans un rapport rendu public ce mardi, l’ONG britannique Global Witness soulève la question de l’opacité qui a entouré l’octroi de trois blocs pétroliers, dont l’un chevauche le parc national de la Salonga, à la Compagnie minière du Congo (COMICO).

Global Witness relève que les termes de l’accord de partage de production relatif à l’octroi de ces blocs approuvé par une ordonnance signée le 1er février dernier par Joseph Kabila demeurent secrets. Le gouvernement n’a pas publié le contrat dans le journal officiel 60 jours plus tard comme l’exige la législation en vigueur En outre, l’identité des propriétaires actuels de la Comico n’est pas claire et son actionnariat dans le passé incluait des personnalités douteuses, à en croire Global Witness.

Vue aérienne de la rivière Luilaka au cœur du Parc National de Salonga, République Démocratique

On sait qu’aujourd’hui la Comico est détenue à 40% par une société dénommée Central Oil & Gas qui appartient à l’empire du magnat sud-africain du diamant Adonis Pouroulis. Mais l’identité des autres actionnaires demeure un mystère. Du coup, Global Witness n’écarte pas l’hypothèse que la signature de cet accord de partage de production dans des conditions aussi opaques puisse signifier que le régime Kabila cherche à extraire un maximum de revenus des ressources naturellles durant cette période précaire pour se constituer un trésor de guerre en vue des élections prévues en principe à la fin 2018. Tout ce que l’on sait, selon un avocat de Centrale Oil & Gas et d’Adonis Pouroulis, est qu’un bonus de signature de 3 millions de dollars a été payé en 2007.

Au départ, en 2006, la COMICO a été contrôlé par Montfort Konzi, ancien chef de cabinet du président du Mouvement de liberation du Congo, Jean-Pirre Bemba et un homme d’affaires portugais, très controversé, dénommé Idalécio de Castro Rodrigues de Oliveira, dont le nom apparaît dans le scandale Petrobras. Il a été accusé d’avoir versé des pots de vins lors de l’acquisition par Petrobras de la Compagnie Béninoise des Hydrocarbures. En première instance, le tribunal l’a acquitté malgré la conviction du juge qu’une somme de 10 millions de dollars ayant transité par un compte suisse a abouti dans les poches de fonctionnaires, mais le procureur de la République est allé en appel. Par ailleurs, Global Witness met en évidence l’existence de liens d’affaires entre Oliveira et une société basée à Guernesey, dénommée Chariot Oil & Gas, appartenant à une filiale d’Adonis Pouroulis, lors de l’achat de participations dans le secteur pétrolier en Namibie par Petrobras.

Src: AFP