POLLUTION : QU’EST-CE QUE LE COLONIALISME DES DÉCHETS ET QUELS PAYS LE PRATIQUENT ?


Datant des années 1980, le terme de « colonialisme toxique » fait référence à l’export des déchets, comme le plastique ou les textiles, des nations riches vers les pays sous-développés. Selon le magazine The Diplomat, c’est à cette époque que les pays développés ont commencé à renforcer leur législation, en limitant les zones vers lesquelles les déchets étaient déposés.

Élimination des déchets

Les risques liés à la présence de décharges ou de déchets toxiques à proximité des zones résidentielles sont devenus plus évidents, ce qui a entraîné une augmentation des restrictions, des coûts et de la complexité de l’élimination de certains matériaux.

Les entreprises et les gouvernements ont donc commencé à exporter des déchets vers des pays en voie de développement disposant de moins de ressources et d’une législation plus laxiste, au lieu de réduire la production ou de trouver des solutions de remplacement.

Cette pratique se poursuit dans de nombreux pays riches. Certaines nations dotées d’une législation plus stricte en matière de réchauffement climatique sont parmi celles qui exportent le plus. Sur la photo, on observe une décharge au Ghana contenant notamment des déchets allemands.

Selon The Guardian, l’Allemagne exporte 1 million de tonnes de plastique par an, bien que le pays soit considéré comme l’un des principaux recycleurs au monde.

Si la consommation de plastique se poursuit, il n’existe que deux options : la décharge ou l’incinération des déchets. Si un pays ne dispose pas de la première, la seconde reste la seule solution.

Réduire l’empreinte carbone

« Mais bien entendu, cela a une empreinte carbone, et de nombreux pays qui tentent de réduire les émissions de gaz à effet de serre ne veulent pas incinérer leurs déchets », a déclaré un chercheur spécialisé dans la pollution par les plastiques au journal Sedat Gündoğdu.

Les pays récepteurs

C’est pourquoi ils laissent des récepteurs s’en occuper. Dans la plupart des cas, les pays en voie de développement comme le Vietnam ou le Ghana, reçoivent des plastiques mélangés, qui doivent être triés avant d’être réutilisés, ou des tissus non recyclables.

Le commerce a changé beaucoup de choses pour des pays qui ont vu augmenter la quantité de certains matériaux depuis 2018, lorsque la Chine, le plus grand récepteur au monde, a interdit les importations de plastique mixte.

Un an avant l’interdiction, la Chine a reçu 7,3 millions de tonnes de déchets plastiques en provenance de riches nations. Cette quantité a donc dû être transférée vers d’autres pays.

Le Mexique en est un parfait exemple. Selon le journal El País, le pays est passé de 73 534 tonnes de plastique en provenance des États-Unis en 2019 à 167 548 tonnes en 2021. Les écologistes mexicains ont suggéré que le Mexique pourrait réexporter ces matériaux vers d’autres nations, ce qui est de plus en plus courant dans les pays à revenus moyens ou élevés, dont la législation se durcit.

La Turquie, par exemple, a interdit l’importation de plastiques mixtes en 2021, réduisant ainsi les options des pays de l’Union européenne, qui ne peuvent exporter que vers les pays membres de l’OCDE, le club international des nations développées.

Textiles

Mais les plastiques ne sont pas les seuls déchets que les nations riches et les multinationales déversent dans les pays en voie de développement. Les textiles sont également un sujet de préoccupation majeur.

StopWasteColonialism, une organisation qui lutte contre ces pratiques, affirme que l’industrie de la mode utilise le commerce des vêtements d’occasion pour gérer les déchets, en envoyant des millions de tonnes de textile dans les pays en voie de développement.

C’est ce que l’on constate au marché de Kantamanto, dans la capitale du Ghana, le plus grand au monde ! Les vêtements d’occasion d’Occident sont devenus un véritable business.

Selon l’organisation StopWasteColonialism, les entreprises exportent des articles de moindre qualité en invoquant des avantages environnementaux et sociaux, mais environ 40 % de ce qu’elles envoient est inutile.

Dans un reportage réalisé en 2022 par la Deutsche Welle, un commerçant du marché de Kantamanto a déclaré que les vêtements reçus depuis l’essor de la fast fashion dans les pays riches était difficile à revendre en raison de sa piètre qualité.

Tous les vêtements inutiles finissent dans les décharges, polluant l’environnement et affectant la santé des habitants. C’est la raison pour laquelle les militants réclament des politiques de responsabilité élargie des producteurs (REP) dans les pays développés.