VACCIN CONTRE LE COVID-19 : UNE TECHNOLOGIE ALLEMANDE CONTRE LE CORONAVIRUS DONT DONALD TRUMP VOUDRAIT S’EMPARER


Donald Trump voudrait s’en emparer au bénéfice exclusif des Etats-Unis. Ce futur vaccin potentiel, développé par la société CureVac, est basé sur la manipulation des ARN de nos cellules. Mais de nombreux obstacles restent encore à surmonter avant sa commercialisation.

Quel est ce vaccin allemand pour lequel Donald Trump serait prêt à dérouler le tapis rouge ? D’après le quotidien allemand Die Welt relayé par Courrier International, le Président américain a courtisé le laboratoire CureVac afin d’obtenir l’exclusivité du vaccin contre le Covid-19, qu’ils se disaient en bonne voie d’obtenir dans les mois à venir. La spécialité du laboratoire allemand, vacciner en infiltrant du matériel génétique dans les cellules, est en effet innovante et prometteuse. Pour autant, son succès est encore loin d’être garanti.


Une offre d’exclusivité du vaccin pour les Etats-Unis

« Je peux juste dire que j’ai entendu aujourd’hui à plusieurs reprises de la part de membres du gouvernement que c’est exact« , affirmait dimanche 15 mars 2020 au soir Horst Seehofer, ministre de l’Intérieur allemand. Il confirmait ainsi la tentative de Donald Trump, révélée le même jour par le quotidien allemand Die Welt, de faire main basse sur le laboratoire allemand CureVac en lui proposant une très grosse somme d’argent. Ce vaccin serait alors « seulement pour les Etats-Unis« , a affirmé au journal une source proche du gouvernement allemand. « La société est en contact avec la CEPI et de nombreuses autres organisations et autorités dans le monde entier, mais s’abstient de commenter les spéculations et rejette les allégations concernant les offres d’acquisition de la société ou de sa technologie« , tranche CureVac dans un communiqué, à la grande satisfaction des autorités allemandes.


L’ARN messager, une technique de vaccination novatrice

La spécialité du laboratoire CureVac est d’utiliser l’ARNm pour développer des vaccins. Classiquement, un vaccin consiste à introduire dans l’organisme une forme plus ou moins inactivée d’un virus ou d’une bactérie, afin que l’organisme organise ses défenses sans les risques que comporteraient une véritable infection. Chez CureVac, ils travaillent sur une stratégie inverse : au lieu de leurrer l’organisme avec un faux virus pour qu’il soit prêt à recevoir le vrai, ils arment directement les cellules de l’organisme pour faire face au vrai virus. Pour cela ils utilisent l’ARN messager, ou ARNm, la molécule qui sert d’intermédiaire entre l’ADN et les protéines qu’il code à la manière d’un véritable livre de recettes. Chaque ARNm guide la synthèse d’une protéine précise. En introduisant un ARNm réalisé spécialement pour donner naissance à une protéine pensée pour être efficace contre une infection, il est donc théoriquement possible d’obtenir une immunisation.


Un vaccin contre le Covid-19 prêt à être testé « dans quelques mois » ?

C’est sur ce principe que chez CureVac, les chercheurs travaillent ainsi depuis fin janvier 2020 sur un vaccin contre le Covid-19, en partenariat avec l’organisme public CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations). Grâce à ce financement supplémentaire, l’entreprise promet un développement accéléré, de façon à disposer d’un candidat vaccin à tester sur l’humain « en quelques mois« , d’après Richard Hatchett, PDG du CEPI, dans un communiqué. « Actuellement, nous sommes en train de développer un vaccin qui, après des tests précliniques réussis, pourrait être testé rapidement chez l’homme dans le cadre d’une étude clinique« , confirme la Dr Mariola Fotin-Mleczek, directrice de la technologie de CureVac.


Une technologie prometteuse mais encore peu explorée

Au-delà de l’aspect moral, Donald Trump a-t-il raison de miser autant sur cette option ? Bien que prometteuse, il n’est pas certain qu’elle aboutisse. « C’est un calendrier extrêmement ambitieux et même si nous réussissons – et il n’y a aucune garantie – il y aura d’autres défis à relever avant que nous puissions rendre les vaccins largement disponibles« , tempère Richard Hatchett.

Sur le plan scientifique, « les plateformes de vaccins à ARNm présentent de nombreux avantages, tels que la polyvalence, la production rapide et l’induction de réponses cellulaires et humorales (liée à la production d’anticorps, ndlr) », expliquait en novembre 2019 une équipe française du CNRS et de l’Université Lyon 1. Cependant, en dehors de quelques essais dans le cancer pour en évaluer les risques, l’efficacité de ces vaccins à ARNm a encore été très peu testée sur l’humain. Ces chercheurs appellent donc à la « prudence » quant à l’extrapolation du rapport bénéfice-risque chez un patient atteint d’une maladie grave comme le cancer, par rapport à celui que l’on retrouverait chez un patient sain désireux de se faire vacciner contre, par exemple, le Covid-19. Il n’existe à ce jour « aucun modèle animal de vaccin à ARNm qui corresponde parfaitement aux réponses immunitaires humaines, ce qui explique l’importance des essais cliniques« , concluent les auteurs.

Pour l’heure, CureVac a réussi en janvier 2020 à démontrer une réponse immunitaire après administration de leur candidat vaccin contre la rage. Cette étude de phase I (sur peu de volontaires sains, avec plusieurs doses testées), a montré des réponses immunitaires avec une dose extrêmement faible de seulement 1 microgramme. Aucun des produits de CureVac n’a cependant encore atteint la phase III, qui démontre l’efficacité d’un médicament sur un grand nombre de personnes et précède sa commercialisation.

Si d’aventure CureVac réussit son pari, des millions de doses de vaccin pourraient potentiellement être produites à faible coût dans ses installations de production existantes.


 

Src : www.sciencesetavenir.fr avec AFP