RWANDA : KIGALI, LA VILLE LA PLUS PROPRE D’AFRIQUE


Que connaît-on de Kigali ? À peine sait-on qu’il s’agit de la capitale du Rwanda. Pourtant, loin des clichés qui collent trop souvent aux villes africaines, Kigali fait le buzz depuis quelques années : ville la plus propre d’Afrique, nouvelle scène de la tech africaine… qu’en est-il vraiment ?


Un florilège de superlatifs !

Le Rwanda est un petit pays : 26.400 kilomètres carrés tout au plus, pour 12 millions d’habitants. Kigali, centre névralgique du pays aux mille collines, rayonne pourtant au-delà des frontières rwandaises et du continent africain. Selon le Programme des Nations Unies pour le Développement Humain, le Rwanda a un niveau de développement humain parmi les plus faibles du monde (159e sur 188 pays classés en 2016). C’est pourtant lui qui a connu les progrès les plus fulgurants au cours des 25 dernières années, devant la Chine.



Et la capitale n’est pas en reste. Au contraire, c’est elle qui a tendance à tirer le pays vers le haut. En 2015 elle s’affiche parmi les six villes africaines classées dans le top 100 des villes les plus résilientes du monde, établi par la Fondation Rockfeller. En 2016, pour la troisième année consécutive, les Nations Unies hissent Kigali à la tête des villes les plus propres d’Afrique. Il n’en faut pas plus pour créer le buzz : sur la toile et pour les organismes internationaux Kigali est devenue un modèle de ville soutenable qu’on s’efforce de promouvoir et dans laquelle on organise des congrès internationaux !


La ville la plus propre d’Afrique

En 2008 déjà la capitale rwandaise est récompensée par les Nations-Unies pour son programme de modernisation : éradiction de bidonvilles, nouveaux équipements, réseau de transports publics, etc. La municipalité ne lésine pas sur les moyens et joue sur tous les fronts. La propreté pour commencer : depuis 2008 le pays a banni les sacs en plastique ; la municipalité a mis en place un système de ramassage des déchets performant, elle emploie de nombreux travailleurs assignés à la propreté des rues et des squares. Officiellement, jeter des déchets peut vous coûter cher.



La « Petite Singapour » ou la « Suisse de l’Afrique » a aussi compris qu’elle devait innover sur le volet environnemental. Depuis 2015, la ville a fermé à la circulation 800 mètres d’une des artères les plus commerciales de son centre. Malgré les contestations des commerçants du secteur, la municipalité tient bon et va même plus loin : elle a instauré une journée par mois sans voitures puisque, selon le directeur de l’infrastructure urbaine, « la ville est faite pour les gens pas pour les voitures ! »


Kigali la nouvelle Nairobi

Ville propre et verte, Kigali se rêve aussi leader de la scène tech africaine. Une innovation city est en cours de construction à quelques kilomètres de la capitale. « Nous réunissons sur un site les différentes composantes de l’économie de la connaissance et accélérons ainsi la croissance des nouvelles technologies au Rwanda », s’enthousiasme le responsable des nouvelles technologies du gouvernement rwandais. « Les géants mondiaux du secteur veulent venir en Afrique développer des produits adaptés aux Africains. Nous créons donc l’environnement idéal pour qu’ils nous choisissent » poursuit-il.



Et pour atteindre ces objectifs, le pays a mis la main à la poche. Un fonds national pour la recherche et l’innovation, avec une première dotation de 30 millions de dollars, a été lancé à l’été 2018. Son ambition, accompagner les jeunes entrepreneurs de demain et créer tout un écosystème business capable d’attirer les investisseurs étrangers. En complément, la ville s’est dotée d’un aéroport international dernier cri et a deployé la 4G y compris pour fournir un accès internet dans les bus publics. Certains n’hésitent plus à présenter Kigali comme la nouvelle Nairobi.

Le secret d’une telle réussite ? L’Umunganda. Une pratique rwandaise qui s’apparente à un travail communautaire. Concrètement, tous les derniers samedis du mois, les habitants entre 18 et 65 ans doivent donner trois heures de leur temps à la communauté ; c’est inscrit dans la loi ! Au programme ? Construction d’écoles, d’hôpitaux, pavement de routes, plantation d’arbres, etc. On estime que les travaux réalisés dans ce cadre représentent entre 10 et 20 millions de dollars par an. Une aubaine pour reconstuire un pays !