LUTTE CONTRE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE: L’AFRIQUE EN QUÊTE DE FINANCEMENTS POUR UN «AVENIR VERT»


L’Afrique, ce continent richissime en ressources naturelles et humaines, qui représente à peine 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, mais qui en paie les plus lourdes conséquences, est déterminée à mobiliser les financements nécessaires pour lutter contre les effets du changement climatique, en adoptant des solutions financières innovantes, en y impliquant plus la communauté internationale et le secteur privé, tout en œuvrant pour une meilleure attractivité vis-à-vis des investissements.

Pour y parvenir, une reconsidération de l’échelle et la manière de l’implication du secteur privé, qui ne contribue actuellement qu’à 14% des financements climatiques en Afrique, semble donc une option incontournable, avec pour mot clé: « dérisquer » l’investissement vert pour encourager ce secteur à s’impliquer davantage dans l’action climatique en Afrique, tout en accélérant la mise en œuvre des initiatives encourageant son épanouissement, à l’instar de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF).

Mais la réussite d’une telle démarche nécessite également plus de garanties étatiques au profit des investisseurs privés, en plus d’une refonte des outils et approches des banques multilatérales et des institutions financières de développement.

C’est le résumé de la feuille de route qui s’est dégagée des discussions des gouverneurs des banques centrales et ministres des finances africains, dont le premier argentier de l’Algérie, Laaziz Faid, réunis en tant que gouverneurs de la Banque Africaine de Développement (BAD) qui a tenu, du 22 au 26 mai à Charm el Cheikh en Egypte, ses 58ème Assemblées annuelles autour du thème:

« Mobiliser les financements du secteur privé en faveur du climat et de la croissance verte en Afrique ».

En présence de quelque 4000 participants, venus des 81 pays actionnaires (54 africains et 27 hors du continent) de la plus importante institution financière régionale, le conseil des gouverneurs de la BAD, dont la présidence a été cédée par l’Egypte au Kenya, ainsi que plusieurs chefs d’Etats et de gouvernements africains et d’experts, ont convenu que l’Afrique, qui, malgré tous les vents contraires, devrait réaliser une bonne croissance en 2023-2024 (4% et 4,3%), est dans l’obligation de trouver des solutions urgentes pour financer son action climatique, souffrant d’un déficit annuel moyen de 127 milliards de dollars.

Ainsi, les banques et institutions financières de développement « devraient se montrer moins averses au risque, en réduisant prudemment leurs ratios d’adéquation du capital, en établissant des mécanismes en matière de capital et de liquidités taillés sur mesure et en réévaluant les normes réglementaires existantes en matière de capitaux et autres normes prudentielles, pour passer progressivement d’un financement par projet au financement d’une transition durable à l’échelle du système », a, dans ce sens, recommandé le rapport des perspectives économiques en Afrique pour 2023, présenté lors des Assemblées.

Convaincu que « l’avenir de l’Afrique est vert », le président du groupe de la BAD, Akinwumi Adesina, a invité les pays développés à tenir leurs engagements en matière de soutien de l’action climatique en Afrique, des promesses jusque-là « non tenues ».

Le président en exercice de l’Union Africaine (UA), Azali Assoumani, a plaidé, à son tour, pour l’augmentation des Droits de Tirage Spéciaux du FMI alloués aux pays du continent.

Des ressources supplémentaires qui doivent être « canalisées rapidement vers les pays qui en ont le plus besoin, y compris par le biais des banques multilatérales de développement ».