9 MYTHES ET ANECDOTES AUTOUR DE NOS VENTRES


Centre de gravité de l’organisme, récepteur énergétique, épicentre des émotions, le ventre est une boîte noire mystérieuse dont la science dévoile peu à peu le potentiel… et les secrets.

1/ Masser fait-il perdre du ventre ?

Faux, malheureusement ! Aucun palper-rouler ne dégonfle les bouées, aucune poigne solide ne peut gommer les poignées d’amour. Les massages ventre plat ne sont que de vaines promesses. Au mieux, un massage doux et circulaire autour de l’ombilic peut aider le transit, et déballonner un peu le ventre en facilitant l’émission d’un gaz… Mais ce sera sans ôter le moindre gramme de graisse abdominale. Pour perdre son bidon, la recette est (encore et toujours) la même : alimentation équilibrée et sport, endurance et renforcement musculaire… Le massage peut être, dans ce cas, un réconfort après l’effort.

2/ Le «cri qui tue» renforce-t-il les abdos ?

Devenu célèbre en 1977 grâce à un nanar commis par un faux Bruce Lee, le «cri qui tue», à prononcer approximativement ki-aie !, n’est pas du bidon ! Il est pratiqué dans les arts martiaux depuis les origines. Psychologiquement, il vise à paralyser l’adversaire et permet de rassembler sa force en unifiant les énergies. Physiquement, il part du nombril et se projette par une contraction brusque des muscles abdominaux et pelviens. Il permet aussi au ventre de se blinder contre les coups de l’adversaire. Bon exercice de gainage, le cri qui tue a tout pour sculpter les abdos, tout comme les années d’entraînement aux arts martiaux.

3/ Un gros ventre annonce-t-il un gros bébé ?

Faux. Nombre de facteurs jouent sur le volume des ventres de grossesse. Côté maman : sa taille, son poids, sa cambrure, la forme de son bassin… Côté bébé : sa position, le ­volume de liquide amniotique… Son poids joue aussi. Mais c’est un critère parmi les autres, il est ­hasardeux de conclure que le ­volume du ventre détermine celui du bébé. Et parfois, des « arrondissements » tout à fait standards peuvent aussi recéler deux bébés. Rappelons enfin qu’il n’y a pas de lien non plus entre la forme du ventre, pointue ou ronde, et le sexe de l’enfant.

4/ La cigarette aide-t-elle au transit ?

Désagrément bien connu à l’arrêt du tabac : la constipation matinale. La nicotine facilite le transit en stimulant la mobilité dans le colon et la production de mucus, les intestins ont donc souvent besoin d’apprendre, eux aussi, à s’en passer. Une bonne hydratation, des fibres au menu et de l’exercice physique, particulièrement de la marche, aident à franchir cette étape. Le sevrage par patchs, gommes et vapotage, qui prive progressivement l’organisme de nicotine, expose moins les futurs ex-fumeurs à la constipation. Alors, écrasez-la !

5/ Les savons antibactériens nuisent-ils au microbiote ?

Vrai. Le triclosan, agent utilisé dans des savons, déodorants et dentifrices pour ses propriétés antibactériennes, en plus d’être un perturbateur endocrinien, serait aussi un agresseur du microbiote intestinal. ­Selon une étude sino-américaine ­publiée en 2018, le triclosan s’en prend – et cela semble logique – à tous les ­micro-organismes, y compris intestinaux, notamment ceux qui ont une ­action anti-inflammatoire. La réglementation européenne commence à ­limiter son utilisation, mais on peut d’ores et déjà éviter les dentifrices qui en contiennent. En revanche, lavez-vous les mains sans relâche, contre les virus.

6/ Le faux sucre rend-il le ventre plat ?

Faux. D’abord parce que le remplacement du sucre par du faux sucre ne fait pas maigrir, ni le ventre, ni les cuisses, ni rien. Ensuite parce que les édulcorants de la famille des polyols sont faiblement digestibles, non métabolisés et mal absorbés par l’intestin grêle. Ils correspondent au « P » des fameux Fodmaps que l’on supporte mal ! Ils peuvent provoquer des ballonnements et des flatulences qui conduisent plutôt à desserrer la ceinture que l’inverse.

7/ Le chewing-gum est-il néfaste pour l’estomac ?

Oui et non. La mastication produit de la salive. Sa déglutition produit de l’air et peut créer une aérophagie qui distend les parois de l’estomac, puis cause des flatulences. Les polyols, édulcorants qui sucrent la plupart des gommes, peuvent, en outre, favoriser la diarrhée. Par contre, en stimulant l’ensemble du système digestif, le chewing-gum accélère la reprise du transit après une chirurgie sous anesthésie. Enfin, il n’y a pas de risque à avaler un chewing-gum. Décomposé par les sucs digestifs, il est rejeté avec les autres déchets non digestifs.

8/ Certains virus sont-ils bons pour le ventre ?

Ce sont des virus tueurs de bactéries pathogènes : on les appelle les bactériophages. Découverts il y a plus de 100 ans, ils avaient été délaissés au moment où l’Occident a découvert les antibiotiques. À l’est de l’Europe, et notamment en Russie, les bactériophages ont soigné, durant un temps, les infections. Aujourd’hui, les chercheurs s’y intéressent à nouveau pour remédier au phénomène de résistance des bactéries aux antibiotiques. La phagothérapie nécessite cependant la constitution de «banques de ­phages» proposant des échantillons purifiés et bien identifiés, et cela coûte de l’argent. Or, les phages ne sont pas brevetables, ils n’intéressent donc pas les laboratoires.

9/ Partage-t-on les microbes intestinaux de notre famille ?

Dès l’accouchement, le tube digestif stérile du bébé est colonisé par les bactéries maternelles. À la maison ensuite, tous les ­habitants se partagent les mêmes micro-organismes, et particulièrement les bactéries intestinales. En 2015, le Home Microbiome Project (projet microbiote domestique) de l’université de Chicago a ainsi montré qu’il existait une empreinte bactérienne familiale qui permet de ­savoir qui habite avec qui en se basant sur l’analyse des ­micro-organismes présents sur la peau, les pieds, les mains, mais aussi dans le nez des uns et des autres.