COMMENT FAIRE PASSER LE HOQUET ?
Incontrôlable, le hoquet se déclenche dans de multiples situations. S’il est souvent banal, il n’est pas toujours sans gravité.
Après un repas trop copieux, une consommation importante d’alcool ou de boissons gazeuses… Tout le monde a déjà eu le hoquet. Plus ou moins gênant, il est généralement bénin et cesse spontanément. Cependant, un hoquet chronique et persistant peut trahir une pathologie plus grave. Quels sont les types de hoquet ? Quelles en sont les causes? Comment s’en débarrasser ?
Quel est le mécanisme du hoquet ?
D’un point de vue physiologique, « le hoquet correspond à la contraction involontaire brutale des muscles inspiratoires au niveau du diaphragme et des muscles intercostaux (entre deux côtes adjacentes) qui entraîne un spasme de la glotte, le segment du larynx situé entre les cordes vocales inférieures », explique Michel Charbit gastro-entérologue et hépatologue à l’hôpital Américain de Paris. C’est le spasme de la glotte qui produit le bruit caractéristique du hoquet. Résultant d’une activité nerveuse complexe, ce dernier est en fait un symptôme qui traduit une irritation de la glotte, des voies aérodigestives ou de l’œsophage. On voit apparaître le hoquet quand l’ouverture du muscle à la jonction du diaphragme et de l’estomac, le cardia, dysfonctionne. « En temps normal, le cardia s’ouvre et se referme spontanément pour laisser circuler les aliments mais s’il est trop ouvert, l’acidité de l’estomac risque de remonter dans l’œsophage en brûlant ses parois », explique le Dr Charbit.
Qu’est-ce que le hoquet aigu ?
Le hoquet aigu peut se manifester à tout âge. Le plus souvent bénin, il dure généralement quelques minutes et ne persiste jamais plus de 48 heures. Il peut néanmoins se révéler gênant en raison des secousses incontrôlées des muscles respiratoires. Plusieurs causes peuvent l’expliquer. La plupart du temps les facteurs déclenchants sont d’origine alimentaire: « Typiquement il survient lorsque l’on ne mâche pas suffisamment, lorsque l’on parle en mangeant, si le repas est copieux et constitué d’aliments très gras, sucrés ou épicés ou bien après un abus de boissons gazeuses et/ou d’alcool », explique le Dr Charbit. D’autres causes peuvent relever du stress ou de fortes émotions. Dans le cas particulier du bébé, le hoquet aigu peut s’expliquer par le fait que le cardia n’est pas encore tout à fait formé. La fréquence du hoquet diminue donc avec l’âge au fil de la maturation de ce muscle.
Quand le hoquet est-il inquiétant ?
Lorsque le hoquet persiste plus de 48h, il est possible qu’il soit d’origine pathologique : on parle de hoquet chronique ou de hoquet récidivant. « Dans 8 cas sur 10 le hoquet chronique est dû à une œsophagite, c’est-à-dire une inflammation de l’œsophage en rapport avec le reflux gastro-œsophagien. Les remontées d’acide au travers du cardia, qui entraînent des brûlures, des inflammations voire des petits ulcères de l’œsophage, est la cause organique la plus fréquente du hoquet chronique », indique le Dr Charbit. Mais ce type de hoquet peut aussi être associé à des causes plus graves comme une hernie hiatale (lorsque la portion haute de l’estomac pénètre dans le thorax), un ulcère gastro-duodénal dans la première partie de l’intestin, plus rarement à une tumeur du péritoine (la membrane qui entoure tous les organes digestifs), une maladie neurologique du larynx, du pharynx ou des organes du thorax, voire à la prise de certains médicaments (benzodiazépines, corticostéroïdes, barbituriques, morphine, anesthésiques etc.).
« Si les récidives de hoquet sur plus de deux jours sont suffisantes pour que le patient s’adresse à un médecin, le record du hoquet chronique est toutefois détenu par un Américain, Charles Osborne, qui en souffrit continuellement pendant près de 68 ans. »
Comment se débarrasser du hoquet aigu ?
« Ce qui fonctionne le mieux est d’arrêter de respirer : quand on retient son souffle les muscles intercostaux se figent, bloquant ainsi le diaphragme qui cesse alors de monter et descendre », affirme Michel Charbit. Les astuces de grand-mère, du type boire de l’eau sans respirer et la tête renversée, poser un glaçon sur son nombril ou encore faire peur à la personne souffrant de hoquet, ne soignent pas les causes du hoquet. Néanmoins elles ont toutes pour point commun de provoquer une apnée temporaire et de détourner l’attention. Ces méthodes restent donc efficaces. « Boire à l’envers permet de se concentrer sur autre chose. Quand on vous donne un léger coup ou qu’on vous fait peur, vous vous arrêtez de respirer de manière involontaire pendant un bref moment. Idem avec le glaçon: dès qu’on le dépose sur le ventre la sensation de froid est telle que le corps réagit en coupant brusquement la respiration pendant quelques secondes », explique Michel Charbit.
En cas de brûlures d’estomac associées à l’alimentation ou aux boissons, le recours à des pansements gastriques, pour certains disponibles en vente libre (comme le Gaviscon), peut s’avérer nécessaire. Ces pansements se présentent traditionnellement sous forme d’une pâte qui vient tapisser la muqueuse de l’estomac et neutraliser l’acidité gastrique. Ce qui explique aussi pourquoi le miel est souvent indiqué contre le hoquet car sa viscosité a un effet barrière assez proche des pansements.
Quel traitement pour le hoquet chronique ?
Le hoquet chronique se soigne à l’aide d’un traitement classique du reflux gastro-œsophagien dont l’effet est de diminuer l’acidité de l’estomac. Comme pour le hoquet aigu, les pansements gastriques agissent en calmant l’inflammation de l’œsophage. Cependant, pour les ulcères et les importantes remontées acides, les pansements se révèlent parfois insuffisants auquel cas on pourra leur associer des inhibiteurs des sécrétions acides de l’estomac. « L’un des plus fréquents est l’oméprazole, un inhibiteur de la pompe à protons (IPP) qui présente une action prolongée mais retardée sur la réduction de l’acidité », explique le médecin.
Quant à la durée du traitement, il n’y a pas de règle. S’il est lié à une « erreur » alimentaire (avoir mangé trop gras, trop rapidement), le hoquet passe rapidement. « Lorsqu’il s’agit d’une pathologie du reflux gastro-œsophagien, le traitement peut s’étendre entre 1 et 2 mois », indique le Dr Charbit.
Que faire chez les bébés ?
Le hoquet du bébé est souvent lié à un problème d’alimentation. Parfois il s’agit simplement d’une intolérance au lactose ou bien d’une épaisseur de lait non adaptée. « Le lait plus épais descend plus vite dans l’estomac et est donc assimilé plus rapidement, ce qui empêche les remontées acides » explique le Dr Charbit. Après un repas, le rot est toutefois indispensable car si le bébé se retrouve immédiatement en position allongée, les chances de déclencher le hoquet sont plus grandes. « Pour faire passer le hoquet du nourrisson, l’une des techniques est de lever le bras du bébé ce qui stoppe la respiration pendant un quart de seconde », souligne le gastro-entérologue.
