L’IGUANE MARIN ÉTERNUE… DU SEL !


Ce gros reptile pataud aux airs de Godzilla miniature est un excellent nageur qui défie les meilleurs apnéistes, et c’est le seul lézard marin actuel connu des scientifiques. Il éternue le trop-plein de sel qu’il accumule sous la forme d’une fine poudre de cristaux ! Quant à sa parade amoureuse… 

Le héros de notre épisode du jour est un reptile hors du commun ! Laisse-moi te présenter l’iguane marin, qui porte le nom latin d’Amblyrhynchus cristatus. On ne le trouve qu’à un seul endroit de la planète : l’archipel des Galápagos, situé dans l’océan Pacifique, au large de l’Équateur.

On dit donc de l’iguane marin qu’il est endémique de ces îles. Impossible de le trouver ailleurs. Et on va le voir, il est parfaitement adapté aux conditions de vie particulières de ces territoires. Il est unique en son genre et ne ressemble à personne d’autre ! Charles Darwin, lors de son voyage à bord du Beagle, n’en fait pas un portrait très flatteur. Dans son journal, il écrit à son propos : « Les pierres de lave noire de la plage sont fréquentées par de grands (de 2 à 3 pieds de long) et dégoûtants lézards maladroits. Ils sont aussi noirs que les roches poreuses sur lesquelles ils rampent et cherchent leur proie dans la mer. Quelqu’un les appelle les « lutins des ténèbres ». Ils sont assurément bien devenus tels que la terre qu’ils habitent. » Darwin y va un peu fort !

Même s’il a un physique un peu particulier, l’iguane marin est loin d’être dégoûtant. Ce reptile ressemble à une sorte de gros lézard très musclé, et doté d’une crête qui part de sa tête et court le long de son dos. On le distingue de son cousin terrestre par un museau bien plus court et arrondi. Et même s’il peut paraître pataud et lent sur la terre ferme, c’est une tout autre histoire quand il est dans l’eau !

L’iguane marin est le seul lézard capable de s’aventurer dans les eaux salées ! Pour aller brouter les algues dont il se nourrit, il peut se rendre sur les rochers qui sont à découvert lors de la marée basse, ou plonger plus ou moins loin des côtes pour s’offrir un casse-croûte directement sous l’eau.

On sait qu’ils peuvent plonger jusqu’à 30 mètres de profondeur ! Habituellement ils ne plongent que quelques minutes d’affilée pour se nourrir mais ils sont capables de retenir leur respiration pendant plus de 30 minutes ! Les meilleurs apnéistes humains peuvent rester 24 minutes sous l’eau, grand maximum, mais uniquement s’ils respirent de l’oxygène pur pour gonfler à bloc leurs globules rouges avant de s’immerger.

La couleur sombre de leur peau que Darwin trouvait lugubre, leur permet d’avoir plus chaud plus vite, puisqu’elle absorbe davantage les rayons du soleil. Et pour évacuer le sel qui se retrouve en trop grande quantité dans leur corps quand ils l’avalent en broutant les algues, ils ont une technique bien particulière. Ils éternuent ! Comme presque tous les reptiles et oiseaux marins, nos iguanes possèdent une glande spécialisée dans le traitement du sel. En éternuant, les animaux expulsent une fine poudre de cristaux, et peuvent ainsi économiser l’eau de leur corps. 

Le comportement des iguanes marins

Si tu observes les mâles d’un peu plus près, tu vas pouvoir assister à plein de comportements particuliers. Car, en ce moment, de décembre à janvier, c’est la période de reproduction ! Les femelles ne sont prêtes à s’accoupler que pendant quelques jours et elles ne s’accouplent qu’une seule fois. Alors, pour les séduire, chaque gros mâle défend un territoire, chasse les intrus et prépare le terrain.

Ainsi, il se constitue un harem de partenaires potentielles, mais en réalité, ce sont surtout les femelles qui choisissent de s’accoupler ou non avec un mâle, selon le territoire qu’il a à offrir. S’il est bien placé, avec un bon accès à la mer et non loin de la zone où elles aiment se reposer, il est plus probable qu’elles lui accordent leur attention. Plus le mâle propose un grand territoire, plus il a donc de chance de les séduire. Si c’est un gros costaud, qui sort le grand jeu niveau parade, il augmente aussi ses chances.

Pour bien faire comprendre à son voisin qu’il n’est pas le bienvenu, le mâle propriétaire du territoire hoche la tête, de manière assez comique. Il hérisse les écailles épineuses sur son dos et ouvre largement sa bouche. Si ça ne suffit pas, il le chasse, et peut même aller jusqu’au contact. Les deux iguanes se poussent alors l’un l’autre, tête contre tête !

Les femelles passent la majorité de l’année à plusieurs, sur des zones de repos, et même si elles se mettent moins en scène que les mâles, elles sont aussi très intéressantes à regarder.