CHEIKH ANTA DIOP, LE SAVANT QUI A DÉFENDU LA PLACE DE L’AFRIQUE DANS L’HISTOIRE DE L’HOMME

Cheikh Anta Diop est né en 1923, à Caytou (Sénégal). Il est issu d’une famille aristocratique. Après avoir suivi des études secondaires à Dakar, il part étudier la physique à Paris. Il apprend également l’histoire et les sciences sociales. Il suit les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie et il développe sa propre pensée qui s’attache à réfuter l’analyse obscurantiste et hostile des Occidentaux. L’un de ses thèmes favoris fait l’objet de sa thèse de doctorat à l’Université de Paris. Il y affirme que l’Égypte a d’abord été peuplée d’Africains noirs avant de devenir une grande civilisation. Cette thèse est à l’origine du premier livre de Cheikh Anta Diop.

En 1960, il obtient son doctorat. Il rentre au Sénégal et devient enseignant à l’université de Dakar. C’est là qu’il ouvre un laboratoire où il réalise des datations sur des fossiles et des tests sur des échantillons de peau de momies dont les résultats étayent ses théories.

LES TRAVAUX DE CHEIKH ANTA DIOP

Il est l’un des premiers savants à évoquer que la genèse de l’humanité se situe en Afrique. Bien avant que les archéologues confirment ce fait, Cheikh Anta Diop réalise des investigations scientifiques qui supportent cette idée. Il démontre également la contribution majeure des cultures africaines aux sociétés arabo-musulmanes et européennes.

Nations nègres et Culture – De l’Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique d’aujourd’hui (1954), le premier livre qu’il publie sur ce thème crée un trouble dans la communauté internationale. Très structuré, très argumenté et surtout rempli de faits réels, Cheikh Anta Diop y pose les jalons des thèmes qui l’occuperont toute sa vie :

  • L’origine des hommes et leurs migrations,
  • La parenté Égypte ancienne et Afrique noire,
  • L’évolution des sociétés,
  • L’apport de l’Afrique à la civilisation,
  • Le développement global de l’Afrique,
  • L’édification d’une civilisation planétaire.

Ce dernier thème revendique la place que doit occuper l’Africain dans le développement du monde. L’un des thèmes sous-jacents de tous ces sujets étant la dénonciation de la falsification moderne de l’histoire.

CONTRIBUTIONS INTERNATIONALES ET COMBATS POLITIQUES

Cheikh Anta Diop a participé à différents groupes de travail internationaux, dont le comité de l’UNESCO qui a élaboré le projet éditorial Histoire générale de l’Afrique (1970-74). Ses théories ouvrent de nombreux débats qui révèlent à l’époque l’étendue des désaccords au sein de la communauté scientifique.

Dès 1947, l’engagement politique de Cheikh Anta Diop traduit ses théories historiques. Il défend l’indépendance de l’Afrique et dénonce la colonisation française qui est nocive pour les intérêts des Africains. En 1960, il publie l’œuvre qui constituera sa plateforme politique. Les fondements économiques et culturels d’un futur État fédéral en Afrique noire. Il représente l’opposition la plus légitime face au régime de Léopold Sédar Senghor.

Cheikh Anta Diop est mort durant son sommeil, à l’âge de 63 ans. À sa mémoire, un mausolée a été construit dans sa ville natale. Ce monument est inscrit sur la liste des sites et monuments classés du Sénégal. En 1987, un an après sa mort, l’université de Dakar où il a enseigné est rebaptisée Université Cheikh Anta Diop.

L’ACTUALITÉ DE CES THÈMES

Ceux qui ont eu des doutes ou qui ont contesté les éléments apportés par Cheikh Anta Diop ont eu la confirmation de cette réalité grâce aux découvertes des anthropologues. Pour survivre, la mélanine a pigmenté la couleur de la peau et celle des cheveux.

En 2007, des paléontologues de l’université de Cambridge ont démontré que l’homme serait né il y a plus de 100 000 ans, en Afrique, dans la vallée du rift. D’autres études menées par des spécialistes ont prouvé que l’Afrique noire était à l’origine de nombreuses avancées humaines.