Ménopause : pourquoi en parle-t-on si peu ?


Trop souvent considérée comme une pathologie, la ménopause est un passage obligatoire et naturel de la vie d’une femme. La ménopause correspond à l’arrêt de fonctionnement des ovaires. Concrètement, c’est la période de la vie d’une femme pendant laquelle les règles s’arrêtent progressivement, puis définitivement.

Elle est précédée d’une période de périménopause, qu’encore trop peu de femmes connaissent et détectent facilement. « Près de 70 % des femmes ne reconnaissent pas encore les symptômes de la périménopause. Beaucoup de femmes ont des symptômes pendant la quarantaine, mais ignorent si l’anxiété, la fatigue, les pertes de mémoire, sont liées à leur train de vie, au travail, aux adolescents à gérer, ou bien s’il s’agit de la ménopause ». Cela s’explique par un manque de connaissances et d’informations transmises par les professionnels de santé.

Cette période qui précède la ménopause se caractérise par une baisse du niveau d’œstrogènes. « La périménopause correspond au moment où les ovaires commencent à se fatiguer. Ils travaillent quand même, mais pas correctement. On a nos règles, parfois les ovaires ne travaillent pas du tout, parfois ils fonctionnent mal.

L’âge moyen de l’arrivée de la ménopause chez les femmes varie. Elle intervient généralement entre 45 et 55 ans, mais la variation de l’âge moyen entre femmes peut aller jusqu’à 14 ans d’écart. Certaines ménopauses précoces apparaissent entre 40 et 45 ans. « Avant 40 ans, on parle d’insuffisance ovarienne primitive qui provoque des infertilités, qu’il faut examiner » ajoute la professeur Micheline Misrahi-Abadou, référente nationale pour les infertilités génétiques chez la femme et l’homme à l’hôpital Bicêtre-APHP de la Faculté de Médecine Paris Saclay. En moyenne, la ménopause est vraiment « installée » dans le corps lorsque l’on a pas eu ses règles depuis une année, hors périodes d’aménorrhée liées à une ou des grossesses.

« On s’aperçoit qu’il y a un impact génétique très important pour la ménopause. Il y a 85 % de concordance entre l’âge de la ménopause d’une mère et celui de sa fille. Donc en interrogeant sa mère, on peut à peu près savoir si on fera partie de la ménopause tardive ou plutôt jeune ». Micheline Misrahi-Abadou précise qu’en moyenne, une femme n’est plus fertile environ 10 ans avant sa ménopause. Il est important de préciser qu’en périménopause, il est toujours possible de tomber enceinte, même si les chances sont plus minces, puisque la qualité des ovocytes est diminuée.

Dès la naissance, une femme perd des ovocytes. « On parle d’1 million d’ovocytes à la naissance et 400 000 à la puberté. On pense que c’est justement lors du processus de maturation de ces ovocytes que tous ceux qui étaient de mauvaise qualité vont être éliminés. À la ménopause, il y en aura moins de 1 000, ce qui est insuffisant pour une grossesse. La qualité des ovocytes diminue de manière accélérée après 35 ans. […] Mais cela ne veut pas dire que l’on ne peut plus avoir d’enfant » précise Micheline Misrahi-Abadou.

Chez certaines femmes, les symptômes sont invivables, des témoignages parlent notamment de pensées suicidaires, « certaines femmes achètent des ordonnances sur le marché noir ou empruntent les ordonnances d’amies afin d’obtenir des traitements contre les symptômes » affirme Sarah Davies.

Certaines études sont menées par des scientifiques et des expert.e.s concernant l’impact de la ménopause sur le cerveau et le psychique. « La clé, c’est bien évidemment la recherche, mais c’est aussi l’éducation de la communauté médicale » affirme l’experte britannique Sarah Davies. Les différentes expertes interrogées sont unanimes et encouragent les femmes à accueillir la ménopause comme quelque chose de positif, en étant suivies, entendues et accompagnées. « Nous vivons dans une société patriarcale, la ménopause est vécue comme une pathologie, alors que ça ne l’est pas du tout. Cela peut avoir certains avantages » souligne Nasrine Callet. « On est plus libre, on n’a plus de règles, on n’a plus besoin de contraception. » 

« Sur un temps évolutif, le fait de ne plus avoir de risque de grossesse à partir d’un certain âge a, d’une part, permis de préserver la vie des femmes, et d’autre part, cela permettait aux grands-mères de s’occuper des petits enfants et donc aux mères de jouer un rôle social important. C’était des combattantes, des chasseuses, des cultivatrices. Finalement, ça a été quelque chose de bénéfique pour l’espèce humaine » conclut Micheline Misrahi-Abadou.