LES HOMMES ET LES FEMMES NE RESSENTENT PAS LA DOULEUR DE LA MÊME FAÇON, MONTRE UNE ÉTUDE


Les mécanismes cellulaires impliqués dans la sensation douloureuse sont différents chez les hommes et chez les femmes. Et ce n’est pas seulement psychologique ! Cette nuance est trop peu souvent considérée dans la prise en charge de la douleur chez les patientes.

On parle de douleur chronique lorsque celle-ci persiste plus de six mois, que les traitements ne la soulagent pas correctement et qu’elle a un impact considérable sur la qualité de vie de la personne. Ce type de pathologie nécessite une prise en charge pluridisciplinaire. Plusieurs éléments de la littérature soutiennent l’hypothèse selon laquelle les hommes et les femmes ne ressentent pas la douleur de la même façon. Une équipe a souhaité approfondir le sujet ; leurs travaux ont été publiés le 23 mars dans la revue Brain

Pourquoi la prise en charge de la douleur est-elle la même chez les hommes que chez les femmes ?

Les femmes souffrent plus souvent de douleurs chroniques que les hommes. C’est un fait. Par exemple, 90 % des patients atteints de fibromyalgie sont des femmes. Les femmes sont deux fois plus sujettes aux maux de tête et aux migraines que les hommes. Dans la prise en charge de la douleur, et en particulier de la douleur chronique, le fait que le patient soit un homme ou une femme est trop peu souvent considéré. Les mêmes protocoles sont proposés aux hommes et aux femmes. Il faut remonter la genèse d’un médicament pour comprendre pourquoi. En effet, les études sur les circuits neuronaux de la douleur menées chez l’animal, le plus souvent des rats, ne portent quasi exclusivement que sur des mâles. Dans les essais chez l’Homme, s’il y a autant d’hommes que de femmes incluses, les données des sujets masculins et des sujets féminins sont rarement analysées séparément.

Des mécanismes neuronaux différents

Les auteurs ont souhaité étudier les mécanismes neuronaux sous-jacents aux douleurs chroniques en fonction du sexe. Pour ce faire, des échantillons de moelle épinière issus de 10 femmes et de 12 hommes ont pu être récupérés chez des patients décédés. Des rats mâles et femelles ont aussi été inclus dans l’expérimentation.

Le BNDF (brain-derived neurotrophic factor) est une protéine qui a la propriété d’augmenter la sensibilité à la douleur. Celle-ci n’a pas provoqué les mêmes réactions dans les tissus humains féminins ou masculins et chez les animaux mâles ou femelles. Les mécanismes neuronaux de la douleur étaient différents en fonction du sexe. Plus intéressant encore, les rats femelles qui avaient subi une résection des ovaires réagissaient comme les rats mâles.

Ces résultats apportent des enseignements. Concernant l’interprétation des données issues des expérimentations chez l’animal et des essais cliniques chez l’Homme, elle mériterait d’être réalisée séparément, sexe par sexe. Ce qui implique qu’il y ait suffisamment de sujets dans chaque groupe. Concernant la conception des traitements antalgiques, ils doivent cibler des mécanismes communs aux deux sexes.