COMMENT LA NOSTALGIE PEUT DIMINUER LA DOULEUR


Sentiment doux-amer, la nostalgie interfère dans notre cerveau avec les signaux de faible douleur, et peut ainsi nous aider à augmenter notre seuil de tolérance.

Un générique de dessin animé, le goût d’un bonbon ou une vieille carte postale pourraient vous aider à supporter la douleur, d’après des travaux chinois publiés dans le Journal of Neurosciences. Le circuit cérébral responsable de la transmission de la nostalgie pourrait en effet occuper en partie celui de la douleur. 

La nostalgie diminue la sensation de douleur 

34 personnes sont placées dans une machine à IRM fonctionnelle, capable de suivre l’activité de leur cerveau. Sur un écran s’y affichent successivement des images provoquant un sentiment de nostalgie, comme un personnage de dessin animé ou le vélo de leur enfance, puis des images « contrôle », comportant des représentations modernes des images précédentes, comme un dessin animé ou un vélo actuels. Mais après chaque image, une impulsion de chaleur d’intensité variable est appliquée à leur bras droit. C’est cette expérience qui a permis à des chercheurs de l’Université de Pékin de comprendre comment la nostalgie pouvait diminuer la sensation de douleur. “On sait que la nostalgie réduit la perception de la douleur physique chez les individus. Cependant, les mécanismes cérébraux sous-jacents ne sont pas clairs”, exposent les auteurs dans la publication. 

Une étude de 2020 avait en effet déjà montré que le ressenti de nostalgie permettait de réduire la perception de douleur, et d’augmenter notre tolérance chez des personnes qui en souffraient de manière chronique. La difficulté, c’est que “la nostalgie est une émotion complexe impliquant le soi, la mémoire autobiographique et la récompense” et impliquant donc de nombreuses zones du cerveau liées à ces processus, expliquent les scientifiques dans la publication.  

Le rôle central du thalamus 

Dans ces nouveaux travaux, le suivi à l’IRM fonctionnelle de l’activité cérébrale permet d’observer les zones activées par la nostalgie. “Notre étude a révélé une activation spécifique à la nostalgie dans le cortex occipital latéral, le gyrus supramarginal et le cortex orbital frontal”, toutes impliquées dans “le traitement des scènes anciennes, la sensation du soi et l’évaluation des émotions”. Lorsque la douleur s’ajoute à l’affaire, l’expérience pointe le rôle essentiel du thalamus, lieu de transit des informations entre le corps et le cortex cérébral. Cette zone cérébrale réagit en effet à la fois aux informations de nostalgie et de douleur. “En tant que porte d’entrée du cortex cérébral, le thalamus est une station relais essentielle pour la transmission des informations nociceptives (liées à la douleur, ndlr), contrôlant la clé de la conscience de la douleur”, précisent les chercheurs. En intégrant le signal positif de la nostalgie dans le signal de douleur, le thalamus semble ainsi jouer un rôle clé dans cet effet analgésique. 

Mieux, plus la nostalgie était fortement ressentie, plus les connexions du thalamus vers le cortex préfrontal dorsolatéral, structure cérébrale fortement impliquée dans l’analgésie, augmentait. En revanche, seules les douleurs d’intensité “relativement faible” étaient atténuées par la nostalgie. Pour les chercheurs, il se peut que l’effet de la nostalgie résiste plus longtemps dans la durée lorsque la douleur est faible. Autre raison possible : une forte douleur occuperait plus de ressources cognitives et affaiblirait donc l’effet de la nostalgie. 

D’après les auteurs de la publication, la nostalgie pourrait être un moyen non médicamenteux de soulager de faibles niveaux de douleur, comme les maux de tête ou les douleurs cliniques légères.