RDC: SUSPENSION DES ACTIVITÉS D’ENTREPRISES MINIÈRES CHINOISES AU SUD-KIVU


Les activités d’une demi-douzaine d’entreprises minières ont été suspendues par les autorités du Sud-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), soucieuses de « remettre de l’ordre » dans un territoire théâtre de tensions récurrentes entre populations locales et chercheurs d’or chinois, a-t-on appris de source provinciale.

La mesure, prise par le gouverneur de province, Théo Ngwabidje Kasi, concerne le territoire de Mwenga, à une centaine de km au sud-ouest de Bukavu, où opèrent de nombreux creuseurs artisanaux et sociétés minières.

« L’autorité provinciale a écouté les cris de la population de Mwenga où se fait l’exploitation de minéraux sans respect du code et du règlement miniers« , s’est félicité Me Christian Wanduma, avocat conseil de la collectivité (chefferie) de Wamuzimu, particulièrement concernée.

Selon lui, cette décision est « salutaire » mais doit être accompagnée d’autres mesures afin que la communauté « humiliée« , privée de ses champs et dont « les ressources minérales ont été pillées » puisse se « retrouver dans ses droits« . Certaines terres ont été tellement « rasées » qu’ « on ne peut plus y planter même des arachides« , a-t-il ajouté, en appelant à des « poursuites judiciaires ».

Dans son arrêté pris vendredi, consulté par l’AFP, le gouverneur estime « nécessaire de remettre de l’ordre dans l’exploitation minière semi-industrielle » dans le territoire de Mwenga, pour préserver « l’intérêt de la population locale, l’environnement et le respect des droits de l’homme », mais aussi permettre « la traçabilité de la production » des sites exploités.

Des « abus » manifestes et dénoncés de « multiples » fois ont en effet été constatés chez certaines entreprises, indique l’arrêté, qui cite les noms de six d’entre elles et/ou de leurs « coopératives partenaires », dont « toutes les activités minières sont suspendues jusqu’à nouvel ordre« .

« Tout le personnel local et étranger » de ces entreprises doit quitter immédiatement les sites miniers, ordonne l’arrêté. Leur matériel d’exploitation restera immobilisé jusqu’à ce qu’une commission ad hoc ait étudié les dossiers « cas par cas ».

Pour Me Wanduma, il ne fait aucun doute que le personnel « étranger » évoqué par le gouverneur est chinois. Selon l’avocat, toutes les entreprises dont les activités sont suspendues – cinq d’après lui, car la sixième a quitté la région – sont chinoises ou travaillent avec des Chinois, très nombreux dans le secteur minier en général en RDC.

Début août, un député du territoire avait déploré « l’anarchie totale causée par la ruée vers l’or » et apporté son soutien à des chefs de villages qui s’étaient opposés aux « nouveaux maîtres chinois« .