OUI, LE STRESS FAVORISE L’APPARITION DES CHEVEUX GRIS


L’expression « se faire des cheveux blancs » n’a jamais aussi bien porté son nom : des chercheurs viennent de prouver que le stress pouvait bien causer un blanchissement irréversible des cheveux, en provoquant l’épuisement des réserves de mélanocytes, responsables de la coloration du cheveu.


Pourquoi les cheveux deviennent-ils blancs ?

Rappelons d’abord pourquoi les cheveux ont tendance à grisonner naturellement quand on vieillit, un phénomène naturel qui porte le nom de « canitie ». La pigmentation provient de la mélanine, produite par les granules de mélanocytes localisés dans le bulbe du follicule pileux. Ces mélanocytes sont au contact des kératinocytes qui produisent le cheveu en se multipliant. Or, avec le temps, le nombre de mélanocytes diminue progressivement, tant au niveau du bulbe pileux que dans le « réservoir » de mélanocytes souches. Lorsqu’ils ne sont plus en quantité suffisante, le cheveu vire au gris, puis au blanc.


Les mélanocytes produisent la mélanine, le pigment qui colore les cheveux. Lorsqu’ils viennent à manquer, le cheveu repousse blanc. © Katrin, Adobe Stock

Plusieurs facteurs sont par ailleurs en cause dans la disparition des mélanocytes. Des chercheurs de l’université de l’Alabama, aux États-Unis, ont ainsi montré en 2018 que le gène MIFT, qui déclenche une réaction immunitaire lors d’une infection par un virus par exemple, entraîne aussi une perte importante de mélanocytes. De même pour l’enzyme TRP-2 (tyrosinase related protein-2), dont l’absence d’expression intensifie la disparition des mélanocytes en les rendant plus sensibles aux agressions comme les radicaux libres oxydants. Une déficience en vitamines, le tabagisme, l’exposition aux UV ou des maladies auto-immunes peuvent également provoquer un blanchissement des cheveux.


Le stress épuise le stock de mélanocytes en 5 jours !

L’étude parue dans Nature pointe de son côté le système nerveux sympathique. Ce dernier joue un rôle central dans la réponse au stress, notamment en produisant de la noradrénaline. Or, cette dernière est absorbée par les cellules souches de mélanocytes qui se transforment alors à toute vitesse en mélanocytes actifs. « Chez la souris, le réservoir de mélanocytes souches est ainsi épuisé en moins de 5 jours, explique Ya-Chieh Hsu, biologiste à l’université de Harvard et co-auteur de l’étude. Quand tous les mélanocytes souches ont disparu, le cheveu repousse blanc. Les dommages sont irréparables ».

Les chercheurs ont également découvert que les inhibiteurs de CDK (cyclin dependent kinase), une protéine qui favorise la différenciation des cellules souches, peuvent stopper le blanchissement des poils chez la souris. Un traitement chez l’humain semble cependant assez peu probable pour l’instant, étant donné que la CDK joue un rôle essentiel dans le métabolisme cellulaire (des inhibiteurs de CDK sont toutefois en test dans le traitement contre le cancer).