LE TRIANGLE DES BERMUDES : ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ


Le mystère du Triangles des Bermudes fait partie de ces histoires dignes des plus grands romans d’aventure : plus d’une centaine de navires et avions se sont volatilisés dans cette zone proche des Caraïbes. Que sont-ils devenus ?

On raconte que les légendes sont faites de récits fantastiques qui perdurent à travers les âges. À l’instar de l’Atlantide ou de la légende du Roi Arthur, le mystère du Triangle des Bermudes a l’étoffe des légendes. Depuis les années 1950, cette zone géographique de 500 000 kilomètres carrés située entre la Floride, Porto Rico et l’archipel des Bermudes, est tristement célèbre pour les disparitions répétées de navires et d’avions. En moyenne, on dénombre 4 avions et 20 bateaux qui disparaissent mystérieusement chaque année.

Pendant longtemps, les récits de marins se sont avérés trop imprécis pour que le phénomène ne soit étudié sérieusement. Diverses théories farfelues ont alors émergé, allant du piège tendu par des extraterrestres à l’existence d’une porte menant vers une autre dimension. Aujourd’hui, deux explications plus sérieuses sont avancées par les scientifiques pour tenter d’expliquer ces phénomènes.


Des plongeurs et des poissons planent au-dessus des restes d'un navire dont la coque s'est fracassée sur l'un des nombreux récifs peu profonds autour des îles Caïmans. PHOTOGRAPHIE DE JOE STANCAMPIANO, NATIONAL GEOGRAPHIC.

Grâce aux nouvelles technologies et aux progrès réalisés dans le domaine de l’hydrographie, scientifiques et plongeurs peuvent recourir aux sonars, permettant la visualisation des fonds marins avec précision, avec une large couverture. En février 2020, une épave a été retrouvée quatre-vingt-quinze ans après sa disparition.

Les scientifiques ont ainsi pu analyser la cartographie du plancher océanique de cette zone de l’Atlantique, révélant ainsi que les Bermudes se trouvent au sommet d’une montagne sous-marine de près de 4 000 mètres de haut. L’étude de la composition et de la texture du fond marin montre également de nombreux récifs, formés par l’accumulation d’algues, de coquilles et d’épaisses couches de calcaires. Ce paysage accidenté est accompagné d’abysses pouvant atteindre 8 000 mètres de profondeur. Pour comparaison, la fosse des Mariannes, le point le plus profond de la croûte terrestre, se trouve à 10 994 mètres de profondeur.

Ces caractéristiques topologiques conjuguées à divers phénomènes météorologiques pourraient donc expliquer la cause de ces disparitions. Tom Iliffe, professeur de biologie marine, avait d’ailleurs révélé l’existence de tourbillons aspirants après avoir plongé dans la zone. « Les tourbillons sont évidents, il y a d’immenses tunnels avec une très forte puissance d’aspiration. » Ce phénomène, appelé « théorie des tourbières », est souvent observé dans les environnements de roches calcaires, semblables aux récifs du Triangle des Bermudes.


Un calice d'or est flanqué d'une amphore (à gauche) et d'une coupe à deux poignées appelée "kylix" (à droite), au milieu de l'épave d'un ancien navire marchand dans la mer Méditerranée. Le navire de 15 mètres était chargé de précieuses marchandises lorsqu'il a coulé il y a environ 3 400 ans près de la Turquie. PHOTOGRAPHIE DE BILL CURTSINGER, NATIONAL GEOGRAPHIC.

Le Triangle des Bermudes se trouve être également l’épicentre d’une activité météorologique particulièrement violente. Point de rencontre d’ouragans, de tempêtes équatoriales et d’orages provenant de la côte mexicaine, de nombreuses microrafales de vent soufflant à plus de 270 km/h sont à l’origine de vagues aux dimensions rares.

L’océanographe britannique Simon Boxall, de l’université de Southampton, explique que ces vagues, ou ces « murs d’eau », comme ils sont souvent décrits, peuvent atteindre les 30 mètres de haut et sont capables de faire chavirer des navires de grande taille. Ces vagues abruptes, appelées « vagues scélérates », apparaissent souvent au sein d’un mouvement de vagues aux ondulations normales. La répartition de ces vagues scélérates à l’échelle du globe est cependant encore mal connue des scientifiques aujourd’hui mais apportent un éclairage au mystère qui entoure les disparitions dans le Triangle des Bermudes.


 

Par ARNAUD SACLEUX . © nationalgeographic.fr