QUESTION DE LA SEMAINE : EST-CE QUE LES INSECTES ENTENDENT ?


Que ce soit le son du vol d’un moustique qui s’est invité dans une chambre la nuit, d’une abeille qui circule autour des aliments un midi ou encore de grillons qui stridulent, les insectes créent autour d’eux (et de nous !) un monde incroyablement sonore. Mais en ont-ils seulement conscience ?


Des oreilles sur l’abdomen

Lorsqu’ils sont apparus il y a 400 millions d’années, ils étaient sourds, relate un article du Scientific American. Puis ils se sont diversifiés et certains ont acquis la capacité d’entendre tandis que les autres sont restés aussi peu sensibles aux sons que leurs ancêtres. Ainsi, sur les 30 ordres majeurs d’insectes, neuf incluent des espèces capables d’entendre. L’ouïe a évolué au moins 20 fois chez les insectes (!) plaçant ainsi des « oreilles » sur différentes parties de leur anatomie. Ainsi, les drosophiles et les moustiques peuvent avoir des oreilles sur les antennes, les grillons et les sauterelles en possèdent sur les pattes antérieures, les névroptères en possèdent sur les ailes et les cigales et les criquets en ont sur l’abdomen. Et ce ne sont ici que quelques exemples.


L’ouïe la plus fine du monde vivant est possédée par une mouche

Et les insectes dotés de l’ouïe ne sont pas tous égaux : certains peuvent entendre sur de grandes distances quand d’autres non. Tout dépend de l’utilité qu’ils font de cette capacité. Par exemple, Ormia ochracea, une minuscule mouche de couleur jaune qui habite le sud des Etats-Unis et le Mexique, pond ses œufs dans le corps des criquets mâles, pour que les larves se nourrissent de leurs organes. Repérer le bruit spécifique émis par cet hôte est donc essentiel pour permettre à sa progéniture de grandir. Elle possède l’ouïe la plus fine du monde vivant. Il en va de la survie de son espèce.


Ormia ochracea, une minuscule mouche de couleur jaune qui habite le sud des Etats-Unis et le Mexique

Autre exemple : le moustique Aedes aegypti, tristement célèbre pour être un vecteur de la dengue, du virus Zika et du chikungunya. Lors de la recherche d’un partenaire sexuel, il échange avec des congénères des signaux auditifs à courte portée. C’est à dire de l’ordre du millimètre ou du centimètre. Cela traduit donc au premier abord une piètre sensibilité auditive. En réalité, une étude a révélé en 2019 que ces insectes (qui utilisent leurs antennes pour entendre donc) peuvent percevoir des sons distants au minimum de 10 mètres. Aedes aegypti serait sensible à des fréquences allant de 150 à 500 Hz, les mêmes pouvant être atteintes lors de nos propres conversations…