LE NITRATE D’AMMONIUM À L’ORIGINE DES EXPLOSIONS DE BEYROUTH


Quatre questions sur le nitrate d’ammonium, cette substance chimique à l’origine de la catastrophe survenue le mardi 4 août 2020 au Liban.

Mardi 4 août 2020, une explosion massive a ravagé le port de Beyrouth au Liban. La déflagration a secoué une grande partie de la ville. La catastrophe a fait plus de 100 morts, et de nombreuses victimes demeuraient encore sous les décombres mercredi, selon les déclarations du directeur de la Croix rouge libanaise. C’est l’explosion de 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium stockées dans l’entrepôt du port de la capitale libanaise qui est à l’origine du drame, a expliqué le Premier ministre du pays.


Qu’est-ce que le nitrate d’ammonium ?

Le nitrate d’ammonium est un sel blanc et inodore utilisé comme base de nombreux engrais azotés sous forme de granulés. Il a déjà causé plusieurs accidents industriels dont l’explosion de l’usine AZF à Toulouse en 2001. Citons aussi l’explosion du 17 avril 2013 dans une usine d’engrais de West Fertilizer, près de Waco, au Texas (États-Unis). Les nitrates d’ammonium composent les engrais appelés ammonitrates, que les agriculteurs achètent en gros sacs ou en vrac.


Pourquoi le nitrate d’ammonium est-il explosif ?

Une explosion intervient quand se produit une réaction chimique très rapide. Celle-ci engendre en effet une brusque variation de pression. C’est l’onde de choc associée à ce changement de pression qui cause la majorité des dégâts. Ainsi, lorsqu’un produit solide ou liquide se décompose soudain en gaz, l’augmentation de volume est extrêmement rapide : comme le gaz est bien moins dense, une même quantité de matière occupe bien plus d’espace sous cet état de la matière. C’est précisément le cas lorsque le nitrate d’ammonium se décompose : ce produit, solide, engendre alors de la vapeur d’eau et de l’oxyde nitreux. Celui qu’on appelle aussi protoxyde d’azote est également connu sous le nom de « gaz hilarant » pour son effet euphorisant quand on le respire.



Comment la réaction chimique ayant provoqué l’explosion a-t-elle été initiée ?

Le nitrate d’ammonium se décompose spontanément lorsque sa température dépasse 200 °C. Une source de chaleur extérieure est donc nécessaire à son explosion, qui ne survient pas « toute seule ». Une fois que la décomposition du nitrate d’ammonium commence, la réaction chimique s’emballe et engendre une immense quantité de gaz presque instantanément. Dans le drame de Beyrouth, reste donc à déterminer ce qui est à l’origine de cette montée en température. Car ainsi que le rapporte à l’AFP la professeure de chimie Jimmie Oxley (université du Rhode Island, Etats-Unis) : « C’est très difficile de brûler » le nitrate d’ammonium.


Pourquoi faut-il être attentif aux conditions de stockage du nitrate d’ammonium ?

On l’a dit, la décomposition du nitrate d’ammonium surgit à plus de 200°C. Le stockage doit donc suivre des règles pour l’isoler de liquides inflammables, comme l’essence, les huiles…, de liquides corrosifs, de solides inflammables ou encore de substances qui dégagent une chaleur importante. D’autant plus que cette transformation peut aussi avoir lieu à plus basse température si les sels contiennent des impuretés.