POUR SAUVER NOTRE PLANÈTE, IL FAUT DES CONSOM’ACTEURS !


Poussés par le marketing et la publicité, nous sommes devenus des hyperconsommateurs, nous achetons plus que nous ne consommons.

C’est devenu une banalité inconsciemment nourrie que d’accumuler des produits dont nous ignorons l’impact environnemental de la fabrication et dont l’utilisation est limitée dans le temps. Et pourtant la production de déchets augmente à un rythme dantesque et certaines poubelles sont bien souvent plus riches que des assiettes pleines sous d’autres cieux.

Pendant ce temps, la baisse du taux de mortalité dans le monde et plusieurs indicateurs font croire que les niveaux de vie ont évolué. Cette amélioration globale des conditions de vie, occultant les réalités des pays en développement, s’accompagne d’un changement de mentalité et d’une nouvelle façon d’appréhender le bonheur dans nos sociétés.


Qu’est-ce que le bonheur aujourd’hui ?

Tout se résume en un mot : posséder. Acheter autant qu’on en a envie, posséder mieux, posséder grand sans se soucier de la provenance des matières utilisées pour la fabrication de ces produits. Et les géants du e-commerce, du luxe et du divertissement l’ont bien compris. Si le patron d’Amazon figure en haut du Classement Forbes 2019 des hommes les plus riches du monde et que Bernard Arnault, patron de l’industrie du luxe reste le français le plus fortuné, c’est bien parce qu’ils ont réussi à offrir aux consommateurs que nous sommes une gamme de produits et de services qui nous rendent heureux : heureux au sens contemporain du terme. Aux origines de ce mécanisme psychique, on pourrait évoquer une thèse bouddhiste liant le désir de posséder à la peur de perdre et la tristesse liée au manque. L’idée de posséder donne le sentiment d’exister. Mais est-ce la bonne version du bonheur ? Le bonheur ne se trouverait-il pas dans les moments partagés avec des êtres chers que dans l’accumulation d’objets ? Sommes-nous plus heureux que ceux qui possèdent moins que nous ? Plus concrètement, utilisons-nous tout ce que nous achetons ?


Du consommateur au consom’acteur

Il y a surement dans nos maisons, des objets qu’on utilise rarement et qui paraissaient il y a quelques mois incontournables pour être à la mode. Chaque année, les marques innovent en répondant à nos goûts, en anticipant sur nos besoins futurs mais très souvent en créant des besoins auxquels nous serions attachés progressivement par passivité. Nous sommes victimes du markéting, des publicités à outrance sur nos téléphones, tablettes et ordinateurs, victimes de notre statut de consommateur. C’est pourquoi une nouvelle vague de consuméristes avertis suggère d’inverser la tendance. Il s’agit de quitter le stade de cible dogmatisée par le les entreprises, commencer à interroger les produits qui parsèment les grandes surfaces et ne pas hésiter à utiliser tous les canaux de communication dont nous disposons pour dénoncer ce qui n’est pas écoresponsable et socialement éthique : être consom’acteur. Comprendre que notre porte-monnaie a un impact qui peut être positif comme négatif, c’est déjà être dans cette mouvance qui va sans doute à contre-courant d’un monde où certaines logiques tendent à s’imposer pour nourrir des intérêts mercantiles. Cela peut donc paraître difficile et chronophage d’analyser chacun de nos produits avant de les acheter mais cela en vaut vraiment la peine car sans le faire, on peut se rendre complice d’une forme d’esclavage dans les ateliers de fabrication de certaines marques et financer inconsciemment la dégradation de notre planète.


Le consom’acteur est minimaliste

Ce qu’il faut savoir avant de s’engager dans nos courses, c’est que pour la confection d’un vêtement, un sac, une paire de chaussure et d’un téléphone, il faut d’abord de la matière première qui doit être obtenue souvent loin de nos contrées et dans des conditions atroces presqu’inimaginables dans notre petit monde de bisounours. De la matière au produit fini, ce sont des heures de travail et le fruit de la sueur des personnes qui n’ont d’autre choix que de vendre leurs forces physiques à des marques en échange d’un salaire souvent inférieur au prix d’un produit. Personne ne veut être responsable d’un tel complot, il est donc plus que nécessaire de changer notre train de vie.

Pour Elodie-Joy Jaubert « vivre en ne gardant que ce que l’on aime vraiment et ce que l’on utilise au quotidien permet de redéfinir sa vraie valeur. » ( Elodie-Joy J., l’art du minimalisme )

Le fait de vouloir être prévoyant ou à la mode nous conduit souvent à acheter des objets qui ne nous servirons pas à grand chose. Le minimalisme, c’est vivre avec ce qui nous sert au quotidien en proscrivant la surconsommation qui nous éloigne de nos réels besoins. Il nous permet de faire des choix objectifs dans nos achats, nous évite le gaspillage, le superflu et l’encombrant. Cette attitude nous conduit à préférer la qualité et le durable à la quantité et l’effet de l’esthétique. Être minimaliste, c’est avoir le goût de l’essentiel. En quoi suis-je obligé d’acheter ce vêtement ? Est-ce que je ne peux plus utiliser le téléphone tel qu’il est ? Est-ce que je sais comment rendre utile les anciens meubles que je veux remplacer ? Ce sont quelques questions à se poser avant d’ouvrir le porte-monnaie. Au demeurant, être minimaliste ne signifie pas être angoissé et se sentir coupable de posséder plus, mais c’est faire le choix de l’utile.

Décider d’être acteur de sa consommation, revient à prendre de nouvelles résolutions. L’objectif est de réduire son impact écologique et se libérer du piège des capitalistes qui ne souhaitent que faire beaucoup d’argent en nous amenant à consommer plus qu’on en a besoin. Passer du stade de la consommation à celui de la consom’action, c’est faire le premier pas vers l’écocitoyenneté. Nous avons le pouvoir d’orienter ce qui nous est proposé, nous pouvons changer le monde avec nos achats. Pour sauver notre planète, il nous faut opter maintenant pour le statut de ‘’consom’acteur’’.


 

Yves-Landry Kouamé