STIMULER LA FABRICATION DES PANNEAUX SOLAIRES EN AFRIQUE


Des chercheurs appellent le continent africain à rattraper le retard qu’il accuse en matière de recherche sur les énergies renouvelables, et en particulier sur l’énergie solaire.

Ils se sont exprimés ainsi à l’occasion du Symposium sur l’énergie solaire, organisé dans le cadre du Forum annuel des organismes de financement de la recherche africains, qui s’est tenu du 5 au 9 novembre dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

Si Bernabé Marí Soucase, physicien à l’université polytechnique de Valence (Espagne) estime qu’il est « absolument impossible » pour l’Afrique, en l’état actuel des choses, de compétir avec les pays asiatiques comme la Chine, il juge en revanche important de songer dès maintenant à la fabrication, grâce aux fruits de la recherche, de certains composants sur place sur le continent afin d’alléger les coûts.


Il faut que les décideurs soutiennent les chercheurs pour qu’à défaut de rattraper le retard déjà accumulé, on puisse faire face à tous les défis

Emmanuel Ramde, université Kwame Nkrumah, Koumassi, Ghana

« La recherche peut contribuer à baisser les coûts de l’énergie solaire en Afrique », martèle cet universitaire qui lance dès lors un appel à ses confrères africains pour qu’ils s’intéressent par exemple à l’électrification locale des villages, en associant les habitants de ces localités à leurs travaux.

Selon les participants à ce symposium, l’Afrique qui dispose du plus fort potentiel pour l’énergie solaire demeure paradoxalement très en retard dans la recherche sur ce secteur.

« La recherche, ici, est embryonnaire. Nous n’avons pas tout ce qu’il faut pour mener à bien des recherches. La priorité est surtout accordée à l’équipement des amphithéâtres et des salles de travaux pratiques. Si bien que les laboratoires de recherche doivent attendre », témoigne Mathieu Aka Boko, directeur de l’Institut de recherche sur les énergies renouvelables (IREN) de l’Université Nangui Abrogoua d’Abidjan.

Evoquant au passage la crise politique ivoirienne de 2010-2011, qui a vu plusieurs infrastructures de recherches pillées, ce dernier fait savoir que pour les leçons expérimentales, l’IREN est obligé de se tourner vers des partenaires en Espagne, en France ou au Maroc.

Une situation qui, pour les experts, empêche le développement de cette « énergie capitale pour l’avenir » en Afrique, et va obliger le continent à être fortement dépendant de l’étranger en la matière.

Les chercheurs exhortent en conséquence les décideurs africains à ne pas perdre de vue le rôle stratégique que peuvent jouer les chercheurs dans le développement des énergies renouvelables.

« Il faut qu’ils soutiennent les chercheurs pour qu’à défaut de rattraper le retard déjà accumulé, qu’on puisse faire face à tous les défis », suggère Emmanuel Ramde, directeur du centre Brew-Hammond de recherche en énergie, basé à l’Université scientifique et technologique Kwame Nkrumah de Koumassi au Ghana.

« Il y a des défis de santé, d’éducation, etc. Mais quel que soit le défi, tout dépend de la recherche qui devrait pouvoir trouver des solutions durables, adaptées au contexte africain », dit-il.

Ce chercheur appelle notamment les dirigeants africains au respect des conventions régionales et sous-régionales en matière de financement de la recherche. Afin d’aboutir à la fabrication locale des composantes des panneaux solaires.

L’exploitation du silicium, structure de base de la carte mère des panneaux solaires, étant une technologie de pointe et pouvant être hors de la portée d’économies africaines, Emmanuel Ramde conseille aux Etats africains la mise en place d’usines d’assemblage pour commencer. Il cite en exemple le Ghana qui compte deux firmes dans ce domaine.

Pour sa part, le chercheur éthiopien Aschalew Tigabu du Centre africain d’études technologiques (ACTS) basé à Nairobi au Kenya, pense qu’il faut surtout réfléchir sur l’aspect social de ces énergies renouvelables, en particulier le solaire photovoltaïque.

Selon ses explications, il s’agit de voir comment elles se déploient dans nos pays, comment elles sont commercialisées, et les mécanismes qui leur permettent d’être réglementées. Autant de thématiques que les chercheurs du continent peinent à explorer ; faute de moyens.