La climatisation nous rend-elle vraiment malades ?


Maux de tête, écoulement nasal, éternuements, gorge irritée… Si vous êtes déjà tombé malade en plein été, peut-être avez-vous accusé la climatisation d’être à l’origine de vos maux.

Avec la canicule, les climatisations tournent à plein régime. Dans la voiture, à la maison ou au bureau, nul ne peut nier le plaisir de rester au frais lorsqu’il fait plus de 35 degrés dehors. Mais certains voient les climatiseurs d’un mauvais œil. Et peut-être est-ce votre cas s’il vous est déjà arrivé d’attraper un rhume en plein mois d’août.

Maux de tête, écoulement nasal, éternuements, gorge irritée… Comment ces symptômes typiquement hivernaux peuvent-ils s’immiscer dans nos vies en plein cœur de l’été? Pour beaucoup, le coupable est vite trouvé: c’est la «clim» qui, avec son souffle glacé tombant sur nos épaules, qui nous a fait «attraper froid». Cette idée reçue a la vie dure et pourtant, elle n’est pas tout à fait exacte.


La climatisation ne provoque pas le rhume

Un rhume n’est jamais que la manifestation d’une infection, le plus souvent par un virus (il en existe plus de 200). Ces derniers sont actifs toute l’année, même l’été! Un rhume n’est pas la conséquence d’un coup de froid. Cela signifie simplement que vous avez été en contact avec un virus – par inhalation de gouttelettes projetées par une personne infectée, par contact de main à main ou via des objets contaminés – et que votre système immunitaire met quelques jours à se débarrasser de l’intrus. S’il vous prenait l’envie de passer quelques minutes en sous-vêtements dans la neige ou sous la bouche d’une climatisation, le risque de tomber malade serait assurément nul, dans le cas où vous ne croisez pas la route d’un microbe mal intentionné.

La climatisation pourrait-elle toutefois contribuer de façon indirecte à la propagation de microbes? Cela semble peu probable. «Ce n’est pas un facteur de risque d’infections virales», indique le Dr Matthieu Calafiore, médecin généraliste. «Ces équipements comportent des filtres qui permettent de minimiser les risques et l’air doit être renouvelé régulièrement».


Des muqueuses asséchées

La climatisation n’est toutefois pas totalement innocente. «L’un des principes de la climatisation est de refroidir l’air et de l’assécher. Cela assèche les muqueuses nasales qui vont être fragilisées et, en réaction, vont s’humidifier un peu plus, ce qui peut aboutir à une rhinite (écoulement nasal). Mais celle-ci n’est pas liée à une infection». Si cette sécheresse s’étend aux sinus, ce dédale de cavités situées en arrière du nez, cela peut provoquer des douleurs similaires à celles d’une sinusite.

Pour remédier à ce problème, la plupart des climatisations sont équipées d’un système d’humidification. Et en l’absence d’entretien, cela peut, dans des cas exceptionnels, aboutir à des cas de légionellose. Cette infection respiratoire grave mais non contagieuse est provoquée par l’inhalation de légionelles, des bactéries capables de se développer dans les eaux stagnantes et chaudes des réseaux de distribution d’eau ou des circuits de refroidissement.

Un torticolis, une contraction aux épaules? Là encore, la climatisation peut être légitimement accusée. «Si l’air est directement projeté sur la personne, la sensation de froid peut entraîner une contraction réflexe de certains muscles, qui peut durer plusieurs heures», indique le médecin. «Il est recommandé de ne jamais mettre la climatisation à une température ayant plus de 7 degrés d’écart avec la température extérieure», poursuit-il. Et pour cause, une différence de température trop importante n’est pas anodine. «L’organisme peut avoir du mal à gérer un tel écart, surtout les personnes âgées, chez qui cela peut perturber le fonctionnement cardiaque».