Les réveils trop matinaux perturbent le métabolisme


Se lever tôt le matin lorsque l’on est «couche-tard» retentit sur la santé.

Profiter du week-end pour se coucher plus tard que d’habitude et savourer ensuite une grasse matinée est-il mauvais pour l’organisme? C’est ce que semble indiquer une étude américaine sur les changements de rythme entre la semaine de travail et le week-end parue dans le Journal of Clinical Endocrinology and Metabolism.

Ces ruptures de rythme se traduiraient par des perturbations défavorables des taux d’insuline (hormone de régulation du sucre) et de triglycérides (graisse) dans le sang, mais aussi par un risque accru d’obésité.

En réalité, il se pourrait que ce soient les réveils trop matinaux en semaine et non le réveil plus tardif le week-end qui soient néfastes. En particulier chez les individus enclins à se coucher tard. Devoir se lever tôt pour aller travailler alors que l’on est plutôt «du soir» (couche-tard) induit un décalage entre le rythme biologique naturel et la vie quotidienne. Un véritable «jetlag social» qui concerne les deux tiers de la population, selon le Pr Till Roenneberg, le psychologue de l’université de Munich qui a inventé ce terme. Un peu comme si l’on changeait de fuseau horaire chaque week-end!


Le «jetlag social»

Les chercheurs se demandent depuis longtemps si l’impact du «jetlag social» sur l’organisme est similaire aux effets d’une nuit trop courte ou d’un sommeil de mauvaise qualité. On sait en effet que ce type de perturbations augmente le risque de déséquilibre métabolique, d’obésité, d’élévation de la pression artérielle et de dépression.

«Des études menées chez l’homme, en laboratoire, ont montré qu’en réduisant le sommeil, par exemple à quatre heures par nuit, on faisait apparaître une intolérance au glucose (perturbation de l’absorption des sucres, NDLR) ainsi qu’une avidité irrésistible pour les aliments gras et sucrés», explique au Figaro Clifford Saper, professeur de neurologie et de neurosciences à Harvard (États-Unis).

Mais des études chez l’animal ont aussi montré qu’une perturbation du rythme habituel de lever et coucher, sans restriction de la quantité de sommeil, pouvait avoir le même effet métabolique défavorable. La question de l’impact du changement de rythme chez l’homme se posait donc. L’étude canadienne y répond s’agissant du «jetlag social».


La tyrannie de l’alarme du réveil

Le Dr Patricia Wong et ses collègues de la faculté de médecine de Pittsburg en Pennsylvanie (États-Unis) ont étudié pendant une semaine les rythmes de sommeil de 447 personnes âgées de 30 à 54 ans et ayant des horaires de travail normaux. Le principe étant que l’on adopte spontanément son rythme normal – lève-tôt ou couche-tard – le week-end.

Que l’on ait profité un peu plus longtemps de la soirée du samedi avec des amis ou tout simplement que l’on n’ait pas mis son réveil à sonner le matin, le résultat est le même: 85% des gens se réveillent plus tard le week-end qu’en semaine. En moyenne 44 minutes.

Ils les ont ensuite soumis à toute une batterie de tests sanguins pour vérifier l’impact du changement de rythme sur leur métabolisme. Le «jetlag social» s’est avéré catastrophique pour l’organisme.

«C’est une étude très intéressante, conclut le Pr Saper, l’une des rares conduites chez l’homme dans son environnement naturel. Elle montre que ce sont ceux qui doivent les plus se recaler aux horaires de travail qui sont prédisposés à une réduction du HDL-cholestérol (le «bon» cholestérol), une élévation de l’insuline, des triglycérides ainsi qu’à une augmentation de leur corpulence (indice de masse corporelle) et de leur tour de taille.»

Les couche-tard ne vivent pas seulement sous «la tyrannie de l’alarme du réveil», selon l’expression du Pr Saper, ils subissent aussi un supplice métabolique.