Yoon-wi : regard sur ces jeunes africains qui réinventent leur continent

Ayant constaté le manque de médiatisation dont souffrent les jeunes entrepreneurs dans certains pays d’Afrique, deux étudiants de Grenoble sont partis pendant cinq mois à leur rencontre, en Afrique de l’Ouest. Dans une société pleine de contraste, ils nous présentent une jeunesse soucieuse de son avenir, bien décidée à surmonter les difficultés pour améliorer leur vie, celle de leur famille et la société dans laquelle ils vivent, notamment par des projets professionnels à tendance écologique. Le projet Ricochets est porté par Maxime Delacourt et Simon Chaillou, deux étudiants en école d’ingénieur à Grenoble INP – Ense3 et réalisant une année de césure. Il vise à promouvoir l’entrepreneuriat social en Afrique de l’ouest et en particulier au Sénégal, au Burkina Faso et au Bénin. Pour ce faire, l’équipe Ricochets sillonne pendant 5 mois ces 3 pays à la rencontre des entrepreneurs qui souhaitent changer la société et qui contribuent par leurs actions à améliorer la vie de leurs concitoyens et de leur environnement. Afin de rendre visible ces projets porteurs de sens, Ricochets réalise à chacune de ces rencontres une vidéo de 3 minutes diffusée dans plusieurs médias.

UNE SÉRIE QUI MET EN LUMIÈRE DES JEUNES QUI CHANGENT LE MONDE

À l’image de leur série inspirante, les deux jeunes se sont intéressés dans leur troisième vidéo au projet de Yaye Souadou, une jeune sénégalaise qui s’est lancée dans le recyclage de pneus. Associée à six autres étudiants, elle a décidé de trouver une application utile aux milliers de pneus abandonnés dans les rues, nids de maladies et de pollutions. Malgré des connaissances limitées en la matière, l’équipe finit par trouver une solution, à force de recherches sur internet et d’expériences : créer des carreaux recyclés utilisables comme revêtements de sol pour les terrasses, trottoirs ou aires de jeux. La start-up E-cover venait de naître.

Si cet exemple ainsi que ceux rapportés par la sérieuse Yoon-Wi marquent les changements en cours dans ces pays, la réalité reste contrastée : pour la majorité des jeunes, il reste extrêmement compliqué de se lancer dans ce type de projet, aussi bien par manque de moyens que pour des raisons sociales.

« Aujourd’hui, les entrepreneurs doivent faire face à de nombreux freins et il serait mentir de dire que cette voie est évidente et facile pour les jeunes » , rappellent Maxime Delacourt et Simon Chaillou. Et les difficultés à surmonter sont multiples : « entre manque de financements, pression sociale et familiale, manque de reconnaissance, manque d’accompagnement et manque d’informations sur les sujets, les barrières paraissent souvent infranchissables pour ces jeunes qui souhaiteraient entreprendre. »

Les membres de Ricochets sont bien conscients des problématiques particulières que traversent les pays de l’Afrique de l’Ouest, mais les deux étudiants veulent cependant y jeter un œil nouveau.



En effet, ils nous partagent le regret que « les médias se focalisent souvent sur les aspects négatifs de cette région du monde qui apparaît souvent de l’extérieur comme un zone remplie de besoins auxquels seules les ONG et les organisations extérieures peuvent répondre. Pourtant, il existe bel et bien des initiatives locales qui permettent un développement économique et social pour et par les locaux. Même si elles sont encore rares, de plus en plus voient le jour et méritent d’être encouragées. »

D’ailleurs, localement, les mentalités changent, puisque de plus en plus de jeunes sont soutenus par leurs universités et accompagnés dans la création d’entreprises socialement engagées.

Dans les pays dans lesquels ils se sont rendus jusqu’à présent, Maxime Delacourt et Simon Chaillou ont pu observer que « la question de l’emploi, et particulièrement du chômage des jeunes est un problème majeur » . Dans ces pays, le défi est de taille : « L’expansion démographique n’arrangeant pas les choses, ces pays se doivent de trouver les solutions pour permettre aux jeunes générations de s’intégrer sur le marché du travail, et résoudre les défis que l’Afrique de l’ouest connaît (agriculture, alimentation, énergie propre, développement durable, santé, eau et assainissement). L’entrepreneuriat, et particulièrement l’entrepreneuriat social, paraît donc une alternative à développer et à encourager. »



Malgré ce tableau nuancé, Maxime Delacourt et Simon Chaillou restent optimistes et espèrent que leur projet puisse « créer des vocations chez les jeunes et permettre de développer ces initiatives bénéfiques pour la société dans son ensemble. »

Src: mrmondialisation.org