Agroécologie : trois initiatives pour cultiver autrement

Dans de nombreux pays se multiplient des initiatives en faveur de l’agroécologie. Cet ensemble de pratiques agricoles vise à respecter les caractéristiques naturelles d’un lieu et à prendre en compte l’interdépendance des écosystèmes. Tour d’horizon en trois étapes.

AU SÉNÉGAL, DES ARBRES FERTILISANTS POUR REVERDIR LE PAYSAGE

Les paysans du Sahel luttent toujours contre l’appauvrissement des terres et la désertification.

Depuis 2014, dans la région de Mbour, au Sénégal, l’association Agroécologie & Solidaritéplante des arbres fertilisants au milieu d’arbres fruitiers et de cultures traditionnelles (sorgho, millet ou maïs).

« Les acacias ont à la fois des racines pivotantes capables d’aller puiser l’eau et les ressources minérales en profondeur, et des racines traçantes qui restent proches de la surface, enrichissent le sol et le stabilisent », précise Pierre Mante, président de la structure. Des essais menés au Togo et au Burkina Faso ont montré qu’en trois ans le rendement des cultures peut augmenter de moitié. Les arbres limitent aussi l’érosion, créent un microclimat et permettent, in fine, de produire du combustible et du fourrage. Au bout de deux ans, le champ est protégé du bétail errant par les épines acérées des Acacia mellifera plantés autour de la parcelle.


© agrosol-sahel.org

AU MAROC, DANS LE VILLAGE DES ABEILLES

Enclavé, le village de Kermet Ben Salem, à environ 300 km de Casablanca, est menacé de dépeuplement. Les jeunes partent pour la ville. Le climat est rude ; l’eau, de plus en plus rare. Aïcha Krombi, une habitante, refuse pourtant de se résigner. Elle a lancé plusieurs projets agroécologiques et s’est intéressée aux ruches traditionnelles, construites à partir de roseaux : « Mais il fallait parfois couper, voire brûler la ruche pour récolter », déplore-t-elle.

En 2004, la rencontre avec Maurice Chaudière, spécialiste de l’apiculture alternative, change la donne. Celui-ci propose deux modèles de ruches : l’un en terre cuite ; l’autre en bois, extensif, qui se développe horizontalement. L’intérêt est vif. En 2014, un « rucher école » a été créé pour former les apiculteurs des environs. Les villageois, eux, ont reboisé leurs parcelles d’arbres fruitiers, de plantes mellifères et de variétés médicinales. Histoire d’offrir des mets de choix aux abeilles.


© Bernard Chevilliat

À CUBA, DES JARDINS DANS LES VILLES

Depuis l’écroulement du bloc soviétique dans les années 1990, engrais et pesticides se sont raréfiés à Cuba, faute d’approvisionnement. Pour procurer des produits frais aux citadins, lesjardins familiaux sont encouragés par l’État.

En outre, en ville, le moindre terrain vague ou espace vierge est mis en culture suivant les principes de l’agroécologie. Un phénomène tellement important que les Cubains ont un mot pour désigner ces exploitations agricoles urbaines : organopónicos. Comme partout en ville, les produits chimiques y sont totalement proscrits par la loi, afin de préserver la santé des habitants.

Aujourd’hui, les 383 000 fermes organoponiques du pays représenteraient 50 000 ha de terres et plus de 1,5 million de tonnes de légumes produits. Certaines atteignent même un rendement de 20 kg/m2. À La Havane, plus de 70 % des légumes frais consommés viennent de ces exploitations.


© Dorian Félix

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